François Chaillou — L’univers est silencieux

Exposition

Sculpture

François Chaillou
L’univers est silencieux

Passé : 10 octobre → 7 novembre 2015

C’est par le marbre que François Chaillou est venu à la matière. Formé à Carrare, il étudie la sculpture là où la pierre s’extrait, en parallèle d’un cursus aux beaux-arts. Trois enseignements seront pour lui décisifs. D’abord, la hardiesse de la sculpture : travailler la pierre, c’est tailler dans les montagnes et s’engager dans le bloc. Ensuite, sa délicatesse : aux coups succède le polissage, long et concentré, qui raffine le corps-à-corps. Enfin, sa biologie : d’origine sédimentaire, le marbre est parfois tenu pour une matière vivante, recelant dans sa froideur la vitalité de la chair.

Ces aspects, François Chaillou a voulu les chercher et les approfondir ailleurs que dans ce marbre trop lourd, trop contraignant, et déjà bien exploré. Le travail de l’os est né de cette recherche : de nature calcaire, l’os partage avec le marbre sa rigidité, qui lui vaut de structurer l’homme sans être à l’abri de toute cassure. Marbre, os, vie, même combat, qui mérite d’être mené si l’on veut composer avec la raideur de l’existence.

Courber l’os, l’entrelacer et l’agencer, n’est pas plier l’échine devant l’inéluctable. Par-delà toute Vanité, c’est oser brouiller le reflet macabre de la carcasse et croire en l’organique. Si de la pierre peut naître un visage, du crâne doit pouvoir surgir un totem : l’inerte ne donne pas la vie, mais n’est pas mort pour autant.

Ces sculptures osseuses ne sont pas les restes d’un animal extraordinaire, encore moins d’une profanation cynique, mais la preuve vivante que la peau dure de nos croyances est aussi malléable que la pierre est ciselable. Œuvrer avec l’indomptable n’est pas plus impensable que tailler le marbre en déesse, il suffit pour cela d’en franchir le seuil sans chercher à lutter contre.

De là vient sans doute l’ambivalence qui parcourt les sculptures de François Chaillou, où la violence se mue en harmonie : maîtriser la matière, c’est aussi se maîtriser soi-même, et accepter finalement de s’offrir à elle. Les bustes de cire le traduisent avec force, plongés entre méditation et sommeil éternel, que la nature assaille autant qu’elle s’y fond.

Une qualité de cet artiste est de ne jamais tomber dans ses certitudes. Travailler le matériau, quel qu’il soit, relève plus chez lui de l’expérimentation que de l’exécution proprement dite. Ce que la nature peut faire au-delà du dessein humain l’intéresse d’ailleurs plus que ce qu’il peut façonner lui-même. Son récent projet de livrer des moulages aux abeilles pour qu’elles y accomplissent leur ouvrage, ou de les abandonner au lichen, moins pour revisiter la sculpture végétale que pour laisser à l’organique le soin de les revitaliser, relève bien de ce binôme qu’il entend former avec la nature.

Avec elle, le bloc de matière, comme l’image de la mort, peut enfin devenir sculpture vivante.

Augustin Besnier
  • Vernissage Samedi 10 octobre 2015 à 16:00
La Galerie Particulière Galerie
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16, rue du Perche

75003 Paris

T. 01 48 74 28 40

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