Hugo Pernet — Peintures blanches
Exposition
Hugo Pernet
Peintures blanches
Passé : 30 juin → 23 juillet 2011
Les « peintures blanches » qui donnent son titre à l’exposition, ce sont celles de Robert Rauschenberg — une série de panneaux monochromes blancs. Comme il l’avait déjà fait avec certaines peintures d’Olivier Mosset ou de Barnett Newman, Hugo Pernet a réalisé des « négatifs », au sens photographique, mais en peinture, de ces tableaux monochromes de Rauschenberg.
Un négatif n’est pas le contraire de quelque chose. Le contraire est une catégorie logique (le contraire de « A » est « -A ») qui n’a pas sa place dans le monde biologique — il n’existe nulle part dans l’univers quelqu’un qui serait le « contraire » de quelqu’un d’autre (de vous, de moi, ou de Rauschenberg). Mais on peut en obtenir le négatif photographique. Il y a bien sûr un paradoxe dans cette idée de faire un négatif en peinture, au même titre qu’on ne peut pas faire de peinture « floue ». Il faudrait parler de l’image d’un négatif, une image aspirant à une double objectivité, celle de la photographie et celle de l’art concret.
La démarche d’Hugo Pernet s’apparente à ce qui est appelé « l’appropriation ». Mais est-ce qu’on s’approprie vraiment quelque chose quand on prend une photo, ou qu’on réalise une image d’une chose ? Certaines personnes pensent que la photo leur vole leur âme. D’autres pensent que chaque prise de vue est un prélèvement d’une fine pellicule du corps photographié. D’autres encore, sur un mode moins animiste, ont en horreur le fait qu’on leur « vole » leur image (l’image qu’ils se font d’eux-mêmes ou qu’ils projettent à l’attention des autres). L’image ou son négatif sont des formes d’empreintes. En peinture, réaliser des négatifs (des images de négatifs) d’après des tableaux abstraits, c’est aussi une façon de se confronter à une histoire de la peinture dans laquelle l’abstraction est elle-même devenue un ensemble d’images. L’une des clefs du travail est là, dans cette image impossible ou paradoxale, qui renvoie allégoriquement à cette abstraction qui ne peut plus en être tout-à-fait une, et qui fait que les tableaux d’Hugo Pernet fonctionnent comme des leurres. Le leurre, c’est un des sens possibles de Hoax (une expression équivalente à « abracadabra », devenue récemment une variété de canular numérique). Ces leurres peuvent aussi prendre l’aspect de la caricature (pour la retourner sur elle-même), comme dans Pictures Like This, concrétisation d’une illustration de John Crosby à propos des tableaux de Rothko, Newman et Reinhardt. Ils peuvent enfin prendre l’aspect d’un cartoon, le tableau devenant, dans la lignée des dessins humoristiques d’Ad Reinhardt, un personnage abstrait (Bob). Conséquemment à rebours de l’évolution technique (le rembobinage ou rewind étant l’équivalent temporel du négatif photo), Mono conclut le parcours en faisant suite aux diptyques en forme d’enceintes réalisés par Pernet il y a quelques années.
L’artiste
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Hugo Pernet