James Angus
Exposition
James Angus
Passé : 9 décembre 2011 → 21 janvier 2012
Une poutrelle métallique IPN représentée dans une perspective outrée est une fiction familière. Elle signifie la productivité et la vitesse et tout l’optimisme du premier âge de la machine. Mais c’est aussi une bulle perceptuelle qui éclatera immanquablement. Si le processus de la production d’acier commence dans une fonderie ou une usine, il termine parfois au chalumeau. C’est cet outil de découpe qui provoque ces étincelles quand les immeubles sont démolis et que les poutres en acier sont réduites en morceaux. Exhibant les mêmes cicatrices, ces sculptures pourraient avoir appartenu à des sculptures plus grandes. Ce sont des extractions.
Une autre des sculptures est un piège visuel et une insulte à l’orthogonalité. Elle prend la forme d’un nœud coulant, ou d’un lasso resserré. Et elle fait tout ce qu’un ingénieur espère qu’un IPN ne fera jamais. C’est une erreur structurelle inventée, sous le déguisement du formalisme. Les gens apprennent à voir le travail de John Chamberlain comme des sculptures abstraites plutôt que comme des voitures compressées. Ici c’est l’inverse qui est vrai. C’est une sculpture d’un IPN.
Cherchant d’autres modèles, je me suis aventuré dans les mathématiques, auxquelles j’ai emprunté un modèle tri-dimensionnel de géométrie différentielle que je ne comprendrai probablement jamais. Avec une intention différente, je l’ai adapté pour décrire une surface de fonte d’acier qui se tord sur elle-même pour se transformer en rouille et vice-versa. C’est un modèle très brut, binaire, de renouveau urbain, traversé de trous de vers. Acier et ferraille — peint, rouillé, repeint. Je suis toujours émerveillé par les colonnes en acier dans le métro de New York, quand je pense au fait que leur première couche de peinture a été appliquée il y a 100 ans de ça. Et quand je regarde cette accumulation de couches de peinture sur ces colonnes, comme un palimpseste, ce qui me vient à l’esprit est la peinture de la vie moderne.
J’ai appris seulement récemment que Louis Sullivan était l’auteur de la formule devenue célèbre «La forme… suit la fonction», une déclaration faite peu de temps avant que ces colonnes ne soient fabriquées. Sullivan s’est fait une place dans le canon de l’architecture moderne en intégrant l’efficacité nouvelle de l’acier industriel dans la conception de ses immeubles de bureau, les premiers grattes-ciel. Le développement d’un signifiant de longue date des entreprises du vingtième siècle a commencé là. Pour ce qui est du XXIe siècle, je suspecte que le siège véritable du pouvoir pourrait s’être déplacé vers les parcs technologiques de Mountain View et les hedge funds de Greenwich, mais les descendants de Sullivan et ses inventions d’ingénieurs perdurent.
Je suis également devenu récemment fasciné par la très grande sculpture en acier de Mark Di Suvero installée dans le Zucotti Park, à New York, et par la façon dont elle ressemble à une astérisque géante pour les manifestations anti-capitalistes dans les canyons du Lower Manhattan. Je n’arrive pas à trancher le fait de savoir si sa signification peut être modifiée pour moquer les tours de bureaux qui l’entourent, ou si la sculpture elle-même est autre chose qu’une exaltation de cet environnement. Etant intitulée «Joie de vivre», je peux seulement spéculer sur ce que l’artiste voulait que fasse cette articulation figurative d’IPN peints en rouge, mais qui devrait se préoccuper de ce qu’un artiste pense, de toute façon ? Les manifestations ont été obligées de se déplacer mais l’acier reste sur place, et il me revient en tête que la rouille ne dort jamais.
L’artiste
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James Angus