Léopold Poyet — D’un corps à l’autre
Exposition
Léopold Poyet
D’un corps à l’autre
Passé : 5 → 21 décembre 2024
Du 5 au 21 décembre 2024, la Galerie Vallois présentera pour la première fois les dessins et gravures de Léopold Poyet, dans son espace du 41 rue de Seine. Né à Blois en 1992, Léopold Poyet a toujours dessiné. Après un détour par la faculté de médecine à Tours de 2010 à 2012, puis une reconversion dans le design, il intègre l’Atelier de Sèvres en 2015, et enfin les Beaux-Arts de Paris où il étudiera de 2016 à 2019. L’artiste est aujourd’hui installé à Lyon.
Utilisant la photographie comme point de départ, Léopold pratique aussi bien le dessin, qu’il travaille en “douceur et onctuosité”, que la gravure dont il apprécie les qualités “d’intensité” et de “rugosité”, navigant ainsi entre un réalisme saisissant et un certain romantisme noir. La texture, la matière sont en effet centrales dans son œuvre : “J’aborde cette exposition comme la troisième — après Corps abyssal en 2021 et Delikatessen en 2023 — d’une série d’explorations du corps : une recherche autour des limites et des sensations corporelles au travers d’une imagerie animale soigneusement développée pour mettre en lumière des liens avec mon propre corps, des rapports de contention, d’absence, de défense, de vulnérabilité, le sexe, la mort, etc.”
C’est principalement dans les fonds marins que Léopold Poyet puise son bestiaire. Homards, crabes, mais surtout le poulpe, son protagoniste fétiche, peuplent son imaginaire. Echappés d’un étal de poissonnier ou d’une table de dissection, on ne sait, ils flottent sur la page blanche, déployant leurs carapaces ou tentacules, leurs chairs gluantes, anatomies étranges qui provoquent la fascination autant que le dégoût.
Surgie d’un passé de plus en plus lointain, l’humanité apparaît tout aussi monstrueuse, sous les traits des gueules cassées de la Grande Guerre. Des images issues de photographies d’archives qui hantent encore notre mémoire collective et devant lesquelles on ne peut s’empêcher de ressentir un profond malaise. À ces chairs mutilées répond une série de prothèses vides de corps humains, comme un miroir inversé.
Derrière le répertoire naturaliste, servi par une absence de narration et une forme d’objectivité scientifique, se dessinent en creux la guerre, la mort et le sang. Léopold Poyet joue sur différents registres et quitte alors la réalité pour pénétrer dans un univers fantastique, de science-fiction, voire d’horreur, nourri de multiples références picturales : Goya, Bosch, Otto Dix ou encore Jérôme Zonder, mais aussi cinématographiques.
À partir de motifs obsessionnels, l’artiste révèle les tréfonds de l’âme humaine, joue avec nos névroses, angoisses, fantasmes et cauchemars, qu’il transcende par la beauté du trait.
Par un processus kafkaïen, on se projette d’un corps à l’autre, du charnier de poulpe à la chair à canon, de la bête humaine à l’humanoïde. Ici, une combinaison de cosmonaute pend aux côtés d’un poulpe aussi grand et flasque qu’elle, là un “masque” de cochon plus vrai que nature révèle une tête humaine mécanique squelettique et grimaçante. Affranchies de leur utilité première, les prothèses semblent s’animer en une sorte de danse macabre et grotesque, écho à la ronde des petites pieuvres de Merry go round. Dans cet univers de conte cruel, cette grande parade de freaks aux titres décalés : Hang your coat, Packaging, Keep on smilin’… l’humour est partout, noir bien sûr.
Camille Bloc
Horaires
Du mardi au samedi de 10h à 13h et de 14h à 19h
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