Loucia Carlier, Max Coulon, Évangéline Font, Amandine Maas — Les Ombres seules restent — Julio, artist-run space — Exhibition — Slash Paris

Ends in 23 days: April 17 → May 10, 2025

« Le présent est à la fois ce que nous vivons et les anticipations d’un passé remémoré. » Paul Ricœur, Temps et récit, 1983

Il y a des objets que l’on garde sans trop savoir pourquoi. Des confidences muettes, des formes ordinaires qui finissent par contenir plus que leur simple apparence, traversées par des récits qui affleurent sans jamais se dire entièrement.

L’exposition Les Ombres seules restent explore cette tension entre présence et effacement, partant du poids des héritages pour proposer leur réinvention. Les artistes ici réuni·es façonnent des décors ou des personnages qui tiennent en équilibre sur le fil de la mémoire et de la fiction. Dans leurs pratiques, des techniques anciennes se mêlent à des visions plus contemporaines, hybrides et détournées.

Les choses de l’enfance changent souvent de visage. L’exposition tisse ce dialogue entre ce qui nous façonne et ce que l’on choisit de réinterpréter. Les contours de meubles familiers se disloquent, des outils domestiques se transforment en artefacts ambigus, les impressions flottent à la surface des matières… Parfois, ces traces obscures prennent l’apparence d’une peluche oubliée, d’un salon miniature, d’un motif gravé dans l’argile, comme les échos discrets d’un temps incertain. Ce qui semblait stable devient mouvant, ce qui semblait oublié réapparaît sous une lumière nouvelle.

Par la superposition des formes et la métamorphose des récits, ces artistes ouvrent un espace où le passé n’est jamais figé, mais toujours en devenir. À travers ces cicatrices recomposées, Les Ombres seules restent invite à regarder autrement : à voir dans les interstices du quotidien une poétique du souvenir, et dans les gestes communs une manière d’habiter autrement le monde.

Pierre-Antoine Lalande, commissaire invité

Loucia Carlier façonne des sculptures mêlant empreintes, objets et images composites. Son travail, nourri par la science-fiction et la culture visuelle des années 90, explore les tensions entre corps, mémoire et environnement. Ses œuvres, comme des peaux sensibles, traduisent les angoisses d’un monde en mutation.
Max Coulon détourne les codes de la sculpture architecturale pour créer des figures hybrides, parfois parodiques. Il puise dans les conventions du néoclassique et du grotesque pour sculpter des silhouettes juvéniles et déstabilisantes, taillées dans le bois ou coulées en béton. Son œuvre interroge l’autorité des modèles qu’il déforme avec humour, en mêlant matériaux bruts et objets détournés issus du quotidien.
Évangéline Font imagine des installations mêlant teintures naturelles, matières organiques et formes sculptées. Inspirée par l’architecture utopiste et les techniques mnémotechniques, elle convoque des paysages mentaux et chimériques. Son travail explore la mémoire grâce à des fictions du vivant, oscillant entre perception altérée, symbiose et rêverie.
Amandine Maas sculpte en céramique des récits intimes nourris de références variées, mêlant culture populaire, poncifs visuels et histoire de l’art. Ses bas-reliefs dessinent un paysage mental traversé d’images familières, où des ressorts narratifs anciens sont rejoués pour interroger le présent.