Martin Kasper — Rotations — Eric Mircher Gallery — Exhibition — Slash Paris

Past: January 8 → March 1, 2011

On le sait, les toiles de Martin Kasper évoquent principalement les espaces vides et immobiles, où domine le sentiment d’attente. Les couloirs publics et les grandes salles publiques communes à nos sociétés industrielles sont des lieux généralement associés à la foule et qui trouvent leur sens et leur utilité par la présence humaine. Déshumanisés, Martin Kasper les présente sous un autre aspect, hors de leur fonction usuelle et quotidienne.

Dès lors, les réalités décrites par Kasper deviennent étranges. On évoque souvent Hopper pour l’atmosphère qui s’en dégage. S’il crée une scène qui reprend bien, avec précision, les éléments du monde, tel un archéologue du temps présent — à l’image de ses aînés photographes, les Becher — il modifie notre perception urbaine et notamment ces lieux trop négligés apparus après-guerre en Europe. Malgré la précision des tableaux, l’atmosphère y est instable par la construction picturale qui joue dans sa contradiction interne entre réalisme et abstraction.

Kasper attire l’attention sur les structures et l’architecture qu’il crée en tant que paysages contemporains. « Les motifs de mes peintures récentes sont encore des intérieurs mais successivement ils se transforment en paysage. » Un jeu d’osmose entre intérieur et extérieur se fait jour : la réalité commence à flotter,  les lustres ressemblent au soleil, l’architecture intérieur devient ce paysage fantasmé où la peinture est mise en abîme. Le vide et le plein prennent tout leurs sens, les rampes d’escaliers s’apparentent à des calligraphies et la peinture orientale n’est plus très loin.

Ce sentiment d’étrangeté peut également se transformer en une forme de nostalgie : d’un monde vide, post-industriel, où la beauté et la vanité humaine se sont rencontrées pour créer ces lieux, témoins de nous-mêmes.