Matisse Now — Stéphane Bordarier, Pierre Buraglio, Frédérique Lucien, Pierre Mabille autour de dessins originaux de Matisse — Galerie Jean Fournier — Exposition — Slash Paris

Passé : 10 mars → 23 avril 2016

La galerie Jean Fournier présente l’exposition Matisse Now, pour laquelle sont réunies des œuvres sur papier de Stéphane Bordarier, Pierre Buraglio, Frédérique Lucien et de Pierre Mabille autour de cinq dessins originaux d’Henri Matisse. L’exposition révèle la filiation, revendiquée ou plus distanciée, entretenue par ces artistes avec l’œuvre d’Henri Matisse, et a été pensée en écho de la dixième édition du Salon Drawing Now entièrement consacré au dessin contemporain qui se tient à Paris chaque année au printemps.¹

Matisse Now réunit des œuvres emblématiques, parfois inédites de quatre artistes qui, singulièrement, se confrontent à « l’éternel conflit du dessin et de la couleur ». Le dessin est ce qui sous-tend l’ensemble de l’œuvre d’Henri Matisse, dessinant continuellement ce qui l’entoure, femmes, plantes, intérieurs allant même jusqu’à dessiner dans la couleur grâce à la géniale invention des papiers découpés. Le choix des cinq dessins de l’exposition témoignant de la multiplicité de techniques et du renouvellement constant dont il fait preuve : encre de Chine, crayons, ligne claire ou modulée, espace saturé, blanc de la feuille générateur de lumière, simplification des traits aux limites de l’abstraction.

Si les quatre artistes contemporains de l’exposition sont radicalement différents, l’assimilation de l’œuvre de Matisse dans leur propre démarche les réunit tout naturellement. L’influence de Matisse étant vécue d’avantage comme un état d’esprit, un rapport sensible au monde.

Des premiers Masquages ou Fenêtres des années 1970 jusqu’à aujourd’hui, Pierre Buraglio a toujours entretenu le lien avec l’œuvre de Matisse, à sa façon, tout à la fois ironique et respectueuse. La série des Dessins d’après est emprunte de cet esprit, synthétique et ludique. Matissien, Pierre Buraglio l’est dans son attachement à la réalité, celle de son environnement et celle des matériaux utilisés.

Rapport au modèle dont se rapproche Frédérique Lucien avec la suite IL et qui aborde également la notion du décoratif dans la série des Feuiller où sont combinés trames et motifs abstraits avec des aplats colorés découpés issus de formes végétales.

Le papier peut aussi devenir le matériau coloré, découpé, déchiré, comme chez Stéphane Bordarier et Pierre Mabille pour qui l’exposition a été prétexte à une série inédite de papiers découpés. On y reconnaît sa forme caractéristique qui est ici mise à mal par un savant système de contrastes et de contre-formes colorés. La série des papiers déchirés de Stéphane Bordarier questionne quant à elle, la radicalité du geste de Matisse : découper à vif dans la couleur. Comme dans ses tableaux où la forme est déterminée par la contrainte technique (le temps de séchage de la colle mêlée aux pigments), Stéphane Bordarier circonscrit ici la forme par le déchirement.

Les œuvres de l’exposition sont autant de « pas de côté », où l’on retrouve le découpage, le matériau coloré, le modèle, le végétal, la ligne, le work in progress. L’exposition pose la question des réminiscences contemporaines de l’œuvre de Matisse. Par son inventivité et par l’observation de son quotidien et de son environnement le plus immédiat, Matisse a atteint une forme d’universalisme indépassable sans cesse rejoué par les artistes aujourd’hui.

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¹ La galerie Jean Fournier est l’une des quatre galeries à avoir participé aux dix éditions du salon. Cette année, une partie du stand est dédiée à Pierre Buraglio // Carreau du Temple // STAND B4 // 30 mars — 3 avril 2016