Ming-Miao Ko — Curiosa — Vallois Gallery — Exhibition — Slash Paris

Ends in 18 days: March 6 → 29, 2025

Du 6 au 29 mars 2025, la Galerie Vallois du 41 rue de Seine accueille l’artiste Ming-Miao Ko, pour sa première exposition personnelle. Elle présentera un ensemble de pièces en porcelaine créées entre 2021 et 2025 qui questionne le rapport au corps par la pratique de l’assemblage.

Née en 1984 à Taipei (Taïwan), Ming-Miao est attirée dès l’enfance par la pâtisserie et les travaux manuels délicats, mais le contexte familial et sociétal la pousse vers un parcours universitaire plus conventionnel. Elle étudie donc la géographie de 2007 à 2009 avant de bifurquer vers l’artisanat et le design, tout en suivant une formation en joaillerie. C’est dans ce cadre qu’elle découvre la pratique de la céramique pour laquelle elle se passionne, au-delà des contraintes imposées par le bijou.

Ming-Miao Ko quitte alors Taïwan pour se rendre en Europe, multipliant les expériences artistiques professionnelles au Danemark, au Royaume-Uni, en Estonie, aux Pays-Bas. Après un master en Culture et Arts à l’Université des sciences appliquées du Saimaa, à Imatra, en Finlande (2016-2018), Ming-Miao s’installe en Belgique où elle obtient une maîtrise en art céramique à l’école d’arts PXLMAD d’Hasselt en 2021. L’artiste enchaîne les expositions et distinctions dont le ceramic brussels art prize qu’elle reçoit lors de la première édition du salon, en 2024. Elle vit aujourd’hui à Bruxelles.

À la manière d’un cabinet de curiosité, Ming-Miao Ko assemble dans ses œuvres des éléments naturels et artificiels. L’esprit scientifique inhérent à ce type de collection trouve un écho dans la démarche naturaliste de l’artiste qui procède par moulage et s’inspire de planches anatomiques. Ses compositions, symétriques la plupart du temps, s’inscrivent dans un idéal classique d’ordre, d’équilibre et d’harmonie, dominé par la raison, tandis que le matériau donne à ses créations un aspect clinique et froid.

Rattachée culturellement à un art de vivre sophistiqué et à la sphère intime, la porcelaine est traditionnellement associée à la féminité de par sa fragilité et sa délicatesse, tandis que sa blancheur renvoie à la pureté et à la virginité.

Ce sous-texte n’est pas neutre et l’artiste, dans un esprit surréaliste, va jouer avec ces codes pour mieux les subvertir. L’irruption du sexe — force de l’irrationnel et du désordre par excellence — vient bousculer ce monde très civilisé, de même que la couleur rose introduit l’idée de la chair, de la sensualité. Ses créations, ” collages “ fantaisistes à l’érotisme glacé, sont profondément étranges et ambiguës, entre outil de bricolage, instrument chirurgical, ustensile de cuisine, objet de torture ou de plaisir. L’œuvre de Ming-Miao repose sur l’union troublante des opposés : utile/inutile, vivant/inanimé, mâle/femelle, attirance/ dégoût, raffinement/obscénité…

Inspirée par Jérôme Bosch, Berlinde de Bruyckere, Fred Deux ou encore Francis Bacon, Ming-Miao Ko “questionne l’objectification et la déshumanisation dans un monde anthropocentrique”. Il y a dans son travail une forte dimension psychanalytique et philosophique. ” Elle conteste et transforme la vision dichotomique du monde “ en inversant les rapports habituels : l’objet devient sujet tandis que l’humain devient objet. Par l’hybridation et la métamorphose, elle interroge le rapport au corps, à son devenir, à la reproduction, à la fluidité du genre, rappelant que “le processus de création incarne aussi un hommage au cycle de la vie”.

Camille Bloc