Philippe Malouin — Demonstration, Gridlock collection 2010 — Galerie NextLevel — Exposition — Slash Paris

Passé : 19 mars → 12 mai 2010

Demonstration incarne une personnalité propre et les valeurs fondamentales de ce designer.

Le titre de cette exposition fait écho à la fois au sens français et anglais du terme. Demonstration est le résultat d’une recherche de l’équilibre quasi scientifique d’une structure en aluminium où les connecteurs font office de points de tension et dont les angles sont invariablement à 45° ou 90°.

Demonstration revendique un design débarrassé de tout effet illusionniste, superflu, où l’unique charge esthétique se révèle par une ossature métallique légère à fort potentiel architectural.

Philippe Malouin poursuit son approche de la représentation minimaliste de l’objet. 5 000 tubes, 13 connecteurs différents, sont assemblés à la main avec soins offrant un support aux élements fonctionnels « Ollie lamp, Alice lamp et Rad & Dar tables ». Il réaffirme la place de l’objet dans l’espace et sa perpective « Robin mobile » et témoigne de son affection particulière aux illustres de l’art minimal : Isa Wall Hanging.

Philippe Malouin investit l’espace d’exposition de la galerie à travers une proposition scénique personnelle, qu’il documente par des éléments participant du processus de création combinés à une vidéo.

Texte de Pierre Doze¹

Répétition, articulation, croissance indéfinie la grille procure un vertige d’ordre mathématique.

On proposera plutôt la perspective du sentiment d’ivresse, attentifs à établir une identité contextuelle du travail, à ne pas s’éloigner de l’auteur parce que Philippe Malouin s’avoue cancre sur le terrain des sciences exactes, précisons tout de suite le domaine qu’en cela au moins nous sommes frères, membres innombrables de la grande famille pour laquelle ces disciplines sont restées des abstractions, au monde entretenant une relation ne participant que de l’ordre vicieux des malédictions scolaires.

Rien d’éthylique alors, le zéro de l’algèbre ne se confondra pas à celui des degrés, le degré est celui des angles, le poème de l’angle droit, chant isocèle la structure tient ses promesses techniques au millimètre et les gestes sont nécessairement maîtrisés, la parole contenue, l’écriture tendue elle se dresse impeccable aucun bricolage, pas d’approximation.

Le refus du bavardage — Malouin est justement préoccupé par la débauche des âneries encombrantes — attentif à n’être pas mutisme embarrassant pour autant rigueur, clarté des assemblages, l’élan irrésistible des règles de la physique, lorsque la résistance des matériaux ne dit plus que l’admirable répartition des forces, sans effort perceptible.

Le jeu engagé éveille la tentation de partager le lyrisme des Modernes pour l’expression d’un nombre parvenant à rejoindre des sphères d’un autre ordre responsabilité et mesure donc, intelligence sensible avec: la rigueur n’est plus celle de l’hygiénisme carcéral, parce qu’il y a aussi des leçons nuancées à tirer de certaines passions des Modernes, en éviter une dimension punitive la première une vibration high-tech traverse plus subtilement le montage, un autre héritage Buckminster Fuller une traduction à échelle domestique parce que, raisonnablement, les enjeux du champ physique de certaines de ces pièces n’exigent pas toujours tant de matière, que les moyens dépasseraient les motifs s’ils ne restaient entendus qu’en tant qu’ils sont nécessités seulement matérielles si dans tous les cas la structure porte, la légèreté, la transparence et l’expression respirent aussi par expansion elles deviennent motif, lumière et ombres portées — luminaire ou pas portent encore la tentation d’une construction plus large, fonder un système six prototypes à voir alors, ou à peu près, en nombre comme en projection quelque chose d’illimité à lire ici aussi, d’autres vertiges.

¹ Critique et enseignant