Post-Op. Perceptual Gone Painterly 1958-2014

Exposition

Peinture

Post-Op. Perceptual Gone Painterly 1958-2014

Passé : 8 mars → 19 avril 2014

Sous l’intitulé Post-Op, qui signifie autant « post-opératoire » que « post-optique », il s’agit de cerner un courant pictural peu connu. Depuis son amorce à la fin des années 1950 jusqu’à ses ramifications les plus récentes, celui-ci résulte d’un dialogue continu entre deux principes antagoniques de l’abstraction : d’une part, la géométrie précise et systématique de l’art optique, comme matrice de phénomènes visuels et, d’autre part, la mise en avant, cette fois d’obédience expressionniste ou informelle, des opérations, traces, égarements et autres accidents « painterly » inhérents à l’exécution de l’œuvre. Ainsi de nombreux tableaux, dessins muraux et autres travaux sur papier de plus d’une vingtaine d’artistes invités par Matthieu Poirier à la Galerie Perrotin ont été empruntés à des collections ou réalisés pour l’occasion.

Ces réalisations émanent de périodes, d’imaginaires de protocoles très différents. Elles se caractérisent à la fois par des approximations graphiques chez Michael Scott, Nicolas Roggy ou Florian et Michaël Quistrebert, par une gamme chromatique particulière, restreinte chez Richard Wright ou fluorescente chez Manfred Kuttner et Philip Taaffe, ou encore par un tissage rythmique du plan visuel chez Piero Dorazio. Les tableaux exposés répondent ainsi tous d’une façon critique à la géométrie neutre et absolue de l’op art : le châssis, par exemple, se voit façonné ou évidé chez Blair Thurman, Tillman Kaiser, John Tremblay et Julian Hoeber ; il est même supprimé chez Sol LeWitt, dont un wall-drawing, comporte de nombreuses scories et imprécisions, tandis que les toiles découpées puis cousues de Louise Bourgeois constituent un enchevêtrement arachnéen de cibles. Dieter Roth, quant à lui, fait s’interpénétrer grille et sfumato, tandis que Claudia Comte réalise ses sérigraphies avec une tronçonneuse, et que Dan Walsh tisse entre eux les passages successifs du pinceau sur la toile.

Dans tous ces cas de figure, l’accident et l’irrégularité jouent un rôle des plus précis : en ancrant le regard sur la particularité du détail, ils perturbent sciemment le continuum vibratoire et hypnotique de l’ensemble. De même, l’imperfection souvent sensuelle de l’acte graphique nous révèle la nature, irrémédiablement matérielle, de cet art « optique », et son caractère persistant d’objet, ceci même chez Richard Wright et Agnes Martin, dont les grilles effacées sont à la limite du discernable, chez Heinz Mack, qui procède par étalement ou frottement de la matière graphique, chez Kazuko Miyamoto, qui atomise lignes et taches pour les faire rayonner dans l’espace, chez Emilie Ding, qui noircit à la pointe de graphite d’immenses mandalas hérités de Bridget Riley, ou encore chez Éric Baudart et ses papiers millimétrés, dont l’épiderme est passé au scalpel, ligne après ligne.

Dans son exposition Post-Painterly Abstraction au Los Angeles County Museum of Art en 1964, Clement Greenberg envisageait l’art optique de Frank Stella ou Kenneth Noland comme une réaction à l’expressionnisme abstrait de Jackson Pollock ou Mark Rothko.

A contrario, les œuvres réunies dans Post-Op montrent l’existence d’une perspective inverse ; elles questionnent le primat immatériel de l’op art, tout autant que sa précision mécanique, en ramenant du corps — ici au sens chirurgical, voire viscéral, du terme.

Au-delà de sa diversité, le corpus d’œuvres rassemblées pour Post-Op suppose l’existence d’une zone frontière, située entre deux esthétiques perçues comme contradictoires — preuve, s’il en est, que l’histoire de l’art ne découle pas tant de territoires que d’échanges, et surtout que l’art optique, envisagé lors de son émergence comme un outil de mise à mort de la peinture, semble avoir également, de façon paradoxale, servi cette dernière.

Matthieu Poirier est docteur en histoire de l’art. Ancien enseignant de l’Université Paris-Sorbonne et pensionnaire du Centre allemand d’histoire de l’art, il a récemment été le co-commissaire de « Dynamo » aux Galeries nationales du Grand Palais et a co-organisé la rétrospective « Julio Le Parc » au Palais de Tokyo.

Commissaire : Matthieu Poirier

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76, rue de Turenne

75003 Paris

T. 01 42 16 79 79 — F. 01 42 16 79 74

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Du mardi au samedi de 11h à 19h

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