Qiu Shihua — Impressions

Exposition

Peinture

Qiu Shihua
Impressions

Passé : 1 septembre → 6 octobre 2018

« Ce qui me semble, à moi, le plus haut dans l’art (et le plus difficile), ce n’est ni de faire rire, ni de faire pleurer, ni de vous mettre en rut ou en fureur, mais d’agir à la façon de la nature, c’est-à-dire de faire rêver… »

Gustave Flaubert, Correspondance VII, Édition Louis Conard, Paris 1930, p. 369

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La galerie Karsten Greve présente le nouveau travail du peintre chinois Qiu Shihua après le premier grand succès de l’exposition de 2015 à Paris. C’est la deuxième fois qu’une exposition personnelle de cette envergure est montrée en France. Cette exposition sera composée d’une quinzaine de toiles inédites réalisées par l’artiste entre 2000 et 2012.

Diplômé de l’Académie des Beaux-arts de Xi’an en 1962, Qiu Shihua débute sa carrière dans les années 1990 avec ses premières expositions personnelles organisées dans des galeries chinoises. Au cours des vingt dernières années, le public découvre son travail au gré d’importants évènements comme la 23ème Biennale de Sao Paulo en 1996, la 48ème Biennale de Venise en 1999, la Biennale de Shangai en 2004 ainsi que l’exposition Ink Art: Past as Present in Contemporary China qui a eu lieu au Metropolitan Museum of Art de New York en 2013. Et également lors d’expositions que de prestigieux musées lui ont consacré tels que la Kunsthalle de Bâle en 1999, la New York Kunsthalle en 2001 ainsi que le Hamburger Bahnhof de Berlin en 2012.

La nature est depuis toujours à l’origine de l’art de Qiu Shihua. L’artiste fait d’ailleurs souvent référence à son voyage dans le désert de Gobi — à son immensité et à sa sécheresse — comme un moment fondateur dans sa démarche artistique. S’il débute sa carrière en peignant en plein air, il privilégie bientôt le travail en atelier où il traduit en peinture les sensations inspirées par la nature. Ses œuvres tendent donc plus vers des « souvenirs », des « impressions » et des « atmosphères naturelles » que vers des représentations pures de la réalité physique.

Dans ces paysages, le blanc est maître. Tout se joue sur ses subtiles variations. Et l’image, cachée entre les nuances et les transparences, ressort au fur et à mesure que le regard se pose sur la toile. Utilisant la pratique occidentale de la peinture à l’huile, Qiu Shihua la met en œuvre dans une technique tout à fait orientale, basée sur la dilution de la matière absorbée par la toile de lin brut —  à la manière de la réaction de l’encre avec le papier dans la tradition des paysages chinois. Qiu Shihua associe le blanc à la lumière et conçoit la création picturale comme un passage du royaume de l’ombre, de l’ignorance vers la clarté de la connaissance du motif. Comme un dernier impressionniste plaçant la lumière au centre de son œuvre. Couche par couche, il révèle ainsi subtilement un paysage fait de nuances et de transparences dont l’épiphanie n’est pas immédiate au regard du spectateur. Incarnation parfaite des concepts taoïstes — religion que l’artiste pratique depuis plus de vingt ans —  ces toiles invitent à un voyage du regard et de l’esprit dont la finalité importe moins que le chemin nécessaire pour y arriver.

Sous un geste créateur qui ne laisse presque pas de traces, la transparence de la matière fluide laisse la toile visible au point qu’elle parait vierge. Qiu Shihua concrétise alors le concept taoïste de « l’action par la non-action » — laisser le résultat se produire selon son propre chemin — ou plutôt son inverse : la non-action par l’action. A travers l’action créatrice, il obtient le résultat d’une peinture qui interroge par son apparente absence, il arrive à peindre le vide. Il n’est d’ailleurs pas anodin de remarquer que dans la langue chinoise le mot « blanc » et le mot « vide » (respectivement Baise et Kongbai) ont la même racine . La couleur blanche correspond donc à la recherche du vide en tant qu’essence ultime des choses.

La peinture de Qiu Shihua demande au spectateur d’ajuster son regard en permanence et laisse la peinture se révéler avec le temps. Cette exposition encourage le public à voyager dans un monde métaphysique dominé par le calme, où regarder devient une expérience de prise de conscience de soi et des réalités ultimes.

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Qiu Shihua est né à Zizhong, dans la province du Sichuan (Chine) en 1940.

En 1962 il obtient son diplôme à l’École des Beaux-Arts de Xi’an en se spécialisant dans la pratique de la peinture à l’huile. En 2001 la Kunsthalle de New York lui dédie sa première exposition monographique hors de Chine et depuis, son œuvre a fait partie de nombreuses expositions collectives également en Europe : Mahjong au Kunstmuseum de Berne en Suisse (2005), exposition qui a ensuite voyagé à Hambourg (Allemagne) et Salzbourg (Autriche) ; The sublime is now au Musée Franz Gertsch (2006) et Shanshui au Kunstmuseum de Luzern (2001) en Suisse. Qiu Shihua est aujourd’hui un artiste internationalement reconnu. En 2012 le Hamburger Bahnhof de Berlin et le Museum Pfalzgalerie de Kaiserslautern en Allemagne lui ont dédié deux importantes expositions personnelles. Ses œuvres ont été également exposées à la Biennale de Sao Paolo au Brésil (1996), à la Biennale de Venise (1999) ainsi qu’à la Biennale de Shanghai (2004).

Qiu Shihua vit et travaille entre Beijing et Shenzhen, en Chine.

  • Vernissage Samedi 1 septembre 2018 18:00 → 20:00
03 Le Marais Zoom in 03 Le Marais Zoom out

5, rue Debelleyme

75003 Paris

T. 01 42 77 19 37 — F. 01 42 77 05 58

Site officiel

Filles du Calvaire

Horaires

Du mardi au samedi de 10h à 19h

L’artiste

  • Qiu Shihua