Regina Bogat — The New York Years, 1960-1970
Exposition
Regina Bogat
The New York Years, 1960-1970
Passé : 24 mai → 12 juillet 2014
La galerie Zürcher partage avec le public français sa découverte d’une artiste américaine restée jusqu’à présent dans l’angle mort de la notoriété de son mari, le peintre Alfred Jensen (1903-1981), qui bénéficia à cinquante-huit ans d’une exposition personnelle au Guggenheim (1961).
« Regina Bogat (née en 1928) le rencontra l’année suivante à l’âge de 34 ans. Comme je lui demandais des précisions, elle me confia que lors d’une party dans son atelier où vinrent entre autres Mark Rothko, Al Held, Irving Sandler et Alfred Jensen, ce dernier lui proposa de la faire entrer au vernissage de l’exposition Hans Hofmann au Museum of Modern Art. « Nous nous sommes retrouvés à la sortie et il m’invita à prendre un café. Nous ne nous sommes plus jamais quittés. » Regina prit une part active à la vie artistique new-yorkaise: elle assista à l’un des premiers happening d’Allan Kaprow à la Reuben Gallery (1959), fréquenta assidûment les vernissages des galeries de la 10e rue et participa aux réunions informelles du Cedar Bar. Elle avait pour amis Eva Hesse, Donald Judd, Sam Francis et surtout le soutien de Mark Rothko dont l’atelier était vis-à-vis du sien au 222 Bowery.
En découvrant récemment l’œuvre de Regina Bogat dans son atelier près de New York, j’eus un peu l’impression de pénétrer dans quelque chambre oubliée d’un trésor maya resté inviolé. C’est à dessein que je mentionne ici le qualificatif « maya » pour signaler que les recherches effectuées par Jensen sur le calendrier maya ont été partagées très étroitement avec Regina Bogat de manière pour ainsi dire fusionnelle mais que celle-ci n’en a pas moins développé parallèlement une œuvre très personnelle. On pourrait d’ailleurs faire la même observation avec les travaux du couple sur les principes d’architecture ou les lois des nombres à l’époque de la Grèce antique ou bien encore sur un fameux traité de cosmologie chinoise, le I Ching, représentation du monde suivant un principe de dualité et de polarité. On retrouve ainsi dans les œuvres des deux artistes le même usage de formes géométriques noires et blanches ou de couleurs franches se réfléchissant en miroir les unes en positif, les autres en négatif (Regina Bogat, Shield, 1965).
Ce qui fait l’originalité de l’œuvre de Regina Bogat par rapport à celle de Jensen, c’est une approche plus concrète de l’abstraction. On peut noter l’influence de son amie Eva Hesse, par exemple, quand elle matérialise la séparation des plans colorés par des baguettes de bois peintes en couleur fixées à même la toile pour, dit-elle, « colorer les ombres » (Helen of Troy, 1966). Son intérêt pour les matériaux inusités (métal, plexiglas) ira croissant à partir de la fin des années 1960. Son admiration pour Joseph Cornell la pousse alors vers l’objet (Cigar Box, 1969) et jusqu’aux frontières de la sculpture dans des constructions en forme de reliquaire (Galaxy ou Holy Terror, 1970). »
Cette exposition constitue le premier volet d’une rétrospective commencée au Zürcher Studio à New York en septembre-octobre 2013 et qui se poursuivra en plusieurs étapes jusqu’en 2017 à New York et à Paris.
Publication d’un catalogue : textes de Stephen Westfall, “Hiding in Plain Sight” et de Bernard Zürcher, “The New York Years”.
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Vernissage Samedi 24 mai 2014 18:00 → 20:00
L’artiste
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Regina Bogat