Sarah Tritz — L’Allée
Exhibition
Sarah Tritz
L’Allée
Past: September 7 → October 12, 2013
Sarah Tritz, L’Allée — Galerie Anne Barrault Pour sa deuxième exposition à la galerie Anne Barrault – dont on pourra, à l'occasion, visiter le nouvel espace, rue des Archives –... CritiqueChacun, en visitant une exposition de Sarah Tritz, est invité tacitement à y construire son chemin. Les catégories instituées ne permettent pas de hiérarchiser et d’ordonner à priori les formes. Il faut parcourir l’exposition plutôt que de chercher à la lire. On y reconnait alors des matériaux (métal, bois, toile), des gestes (courber, souder, découper, lier), de la peinture, de la sculpture (ou les deux à la fois), ici un visage, là une abstraction. C’est dans la plus grande hétérogénéité d’objets et de perceptions que s’agence ce qui se donne pourtant d’un seul souffle : un paysage.
Ici, la déclaration désormais canonique de Marcel Duchamp semble pleinement s’appliquer : « c’est le regardeur qui fait l’œuvre ». A force de le répéter et de jouer avec les conventions de l’art, cette expérience se limite bien trop souvent à un jeu académique où le spectateur ne fait plus qu’identifier la règle qui lui est proposée et trouver la fausse note qui éveillera son esprit au moment prévu. Le travail de Sarah Tritz exige de ne pas se reposer sur une lecture pré-établie, que celle-ci s’appuie sur un socle conceptuel, perceptif, formel ou structurel. Toutes ces dimensions sont activées sans qu’un système reconnaissable ne vienne d’emblée les ordonner. Chaque accrochage est ainsi l’occasion de réinventer les relations entre les formes.
Cette seconde exposition personnelle à la galerie Anne Barrault s’intitule l’Allée, un chemin bordé d’arbres : un lieu de circulation qui se définit par ses bords. Sarah Tritz rapproche volontiers la notion de cadre (ici tous en chêne), très présente dans son travail au sens propre comme au figuré, de celle de corps. Pour elle, le cadre n’est pas une limite qui clôt un espace mais un lieu d’échanges. Tel un corps, il est l’endroit où se nouent les relations infiniment variées entre la diversité du monde extérieur et la complexité de la vie intérieure. « Comment décider ce qui vient de l’intérieur, et ce qui vient de l’extérieur, perceptions extra-sensorielles ou projections hallucinatoire ? » disait Gilles Deleuze. Les assemblages de Sarah Tritz fonctionnent comme des nœuds indécidables entre le monde et sa perception : le corps physique y est dispersé en fragments (visages, mains, etc.) assemblés et mêlés à des formes abstraites et concrètes, conceptuelles et figurales. Pensées et perceptions nouées.
The artist
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Sarah Tritz