Sophie Coroller — Lumière Inside
Exposition
Sophie Coroller
Lumière Inside
Passé : 5 → 28 septembre 2012
« On dirait que c’est l’épuisement qui permet d’avancer. »
Sophie Coroller
Il faut s’imaginer, tout au long du XIXe siècle, l’acharnement éreintant, presque suicidaire, d’une prestigieuse lignée d’artistes qui cherchèrent, vaille que vaille, à créer avec un matériau encore insaisissable : la lumière. Leur défi ? Ne plus composer seulement avec des lignes, des couleurs, de la pierre ou de la terre, mais avec une radiance. Turner, et à sa suite les impressionnistes étaient obsédés par ce rêve fou. Rodin, que ce fût dans son atelier ou dans une exposition, frappait le regard avec ses parterres de marbres et de plâtres, d’où jaillissait une blancheur presque aveuglante, selon le témoignage de Rilke. Et c’est d’ailleurs toute la sculpture du XXe siècle qui, en traversant et trouant les volumes, semble modeler l’air et le jour. Quant à Matisse, il déclara sans ambages : « Le tableau doit posséder un pouvoir de génération lumineuse. » Que dire de plus ?
Inventaire
Que Sophie Coroller s’inscrit pleinement dans cette ambition. Elle exploite des moyens d’expression d’une profonde originalité et d’une subtilité sans rapport avec les débauches spectaculaires et agressives de néons, devenues si banales dans la création contemporaine. Ses matériaux, énoncés bout à bout, font l’effet d’un inventaire chronologique rigoureux : ardoises, ressorts inox, aluminium, tubes de pyrex, calques polyester, fibres de verre et de carbone. Naissent alors, au prix de leur maîtrise et d’un labeur intense, des trames de motifs précis et répétés. Ils s’apparentent à des modules de marqueterie et rythment l’espace, dans des gammes de blancs, de gris, de noirs. Le format est toujours issu du carré ou double carré. On compte aussi des structures, la Série des Verticales qui redessine l’espace à partir d’un axe en aluminium et carbone, posé sur un socle de verre, d’une fluidité surnaturelle.
Réseau
La tradition classique de l’art défend la recherche de stabilité. Une œuvre puissante offrirait, dans cette perspective, l’impression d’être immuable, de résister — compacte et insécable — à l’altération des choses. Dans un poème célèbre, Théophile Gautier s’émerveillait ainsi : « « Tout passe. / — L’art robuste / Seul a l’éternité. / Le buste / Survit à la cité. » Les œuvres de Sophie Coroller, en proposant un réseau de motifs rigoureux et très purs, véhiculent elles aussi ce sentiment d’unité consubstantielle. Mais, très vite, elles excèdent ce premier degré pour laisser affleurer une vérité beaucoup plus complexe.
Fragilité
La finesse des composants, la délicatesse des tracés, la sensation de légèreté, de transparence, de reflet, les miroitements délicats et précieux, semblables aux friselis sur l’eau, racontent plutôt la fragilité de l’univers, sa variabilité et, même, sa caducité latente. Dans une société où la faiblesse est devenue intolérable, où la voix dominante martèle sans cesse qu’il faut être solide, inébranlable, les créations de Sophie Coroller sont comme un contrefeu, nous rappelant à nos aléas et, surtout, à nos nuances. C’est d’autant plus remarquable que cette « effraction » d’un certain « chaos » — selon les mots du metteur en scène Jean-François Peyret — procède d’une harmonie simple et évidente.
Elan
Dans le creuset originel de l’abstraction, au cœur des années 1910, un artiste comme Kasimir Malevitch avait réclamé l’abandon du dessin parce qu’il croyait à un nouvel élan lyrique. Peignant des formes éthérées, il criait : « Voguez ! L’abîme libre blanc, l’infini sont devant vous ! » La teneur presque musicale des œuvres de Sophie Coroller, leur façon de transcender discrètement la matière, invitent de même à l’essor, voire à la vitesse. Et pourquoi pas celle de la lumière…
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Vernissage Mardi 4 septembre 2012 à 19:00
Horaires
Du mardi au samedi de 11h à 19h
Et sur rendez-vous
L’artiste
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Sophie Coroller