Carte blanche à Marc Molk — Lili-Ubel gallery — Exhibition — Slash Paris

Past: October 16 → November 3, 2012

« Souffrir par toi n’est pas souffrir »…

Dans cette belle chanson, les paroles d’Etienne Roda — Gil invitent un amour enfui depuis belle lurette à revenir, à s’asseoir, à oublier. C’est une invitation un peu lasse, certaine pourtant, semble-t-­il, que sera convaincu l’être aimé. C’est une invitation tardive, caduque, faite après le chagrin, mais tant pis. Les amoureux viennent de se revoir pour la première fois ou se reverront plus tard, on ne sait pas. Le délaissé voudrait que l’autre reste ce jour-­là comme s’ils ne s’étaient jamais quittés.

Il est donc possible de souffrir sans véritablement souffrir, pourvu que l’origine de cette souffrance soit belle, évidente, légitime dans l’ordre des sentiments. J’ai rassemblé ici des œuvres qui renvoient à ces détresses du cœur, délicieuses, qu’il vaut mieux embrasser que chercher à éviter ou étouffer, à moins d’ambitionner un jour ne plus rien ressentir du tout. Ces pièces transpirent selon moi ce sentiment mêlé de douleur et de reconnaissance, de vulnérabilité et de certitude, ce sentiment qui n’a pas de nom, mais que l’expression « souffrir par toi n’est pas souffrir » rend concevable. Elles illustrent la puissance esthétique, coriace, des émotions.