Todd Narbey — Half Past No Return

Exposition

Lithographie / gravure, peinture

Todd Narbey
Half Past No Return

Passé : 11 mai → 9 juin 2012

L’Eternel fit venir un grand poisson pour engloutir Jonas, et Jonas fut dans le ventre du poisson trois jours et trois nuits.

Jonas 2-4

S’il y a maintenant un peu plus d’un siècle, les baleines passaient encore pour le plus terrible des monstres marin, elles ne sont plus aujourd’hui que l’ombre des monstres qu’elles furent.

Trophée vivant de la toute puissance de l’économie, plus-value sanguinaire de la voracité des hommes, les baleines ne doivent plus leur survie temporaire qu’au bon vouloir de quelques scientifiques qui, pour les sauver — au nom même de la logique qui permit leur extermination massive — ne savent faire autrement que de se poser cette question : combien vaut la survie de ces mammifères ? Quelle somme d’efforts sommes-nous prêts à faire, nous, citoyens-consommateurs, pour leur sauver la vie ?

Or, en face d’une telle question — dont le cynisme n’a d’égal que la cruauté — voici ce que les œuvres de Todd Narbey nous répondent : plutôt que d’essayer de mesurer la valeur de l’espèce baleine, de lui attribuer sur le grand échiquier de la diversité une cotation, l’imminence de leur extinction ne devrait-elle pas plutôt nous apprendre que c’est notre système même de valeur qui est en faute, que c’est à lui que nous devons nous attaquer ? Car si, comme nous le suggère une toile comme And then there will be none et comme nous le prouve tous les jours le Japon, il ne sert à rien d’étudier scientifiquement les baleines — en apprenant à gérer le cycle de leur vie biologique comme un stock à manager — pour les sauver. Que nous reste-t-il d’autre à faire que de nous ranger du côté de la spiritualité bouddhiste qui, dès le VIe siècle de notre ère, en Corée, parvînt à stopper définitivement — au nom d’une certaine vision de l’homme et de la création — la pèche de ces mammifères ?

Car il est clair qu’en faisant du monstre qui mangea Jonas une créature à consommer/protéger, notre civilisation ne nous a pas seulement privés de la possibilité — mythique — de pouvoir séjourner à l’ombre de ce monstre, mais elle nous a aussi ôté la possibilité de comprendre que Jonas, en défiant les commandements de Dieu et en essayant de fuir son jugement, ne faisait que se fuir lui-même et tenter, par-là, d’échapper à sa voix intérieure qui ne cessait de lui répéter : ne tue pas celui qui te ressemble, mais accepte la possibilité que ce soit toi qui puisse avoir tort.

Frédéric-Charles Baitinger
  • Vernissage Jeudi 10 mai 2012 18:00 → 21:00
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L’artiste

  • Todd Narbey