Vladimir Skoda — Quatrième dimension
Exhibition
Vladimir Skoda
Quatrième dimension
Past: September 24 → November 20, 2022
Pour cette exposition le centre d’art Les Eglises est investi au-delà de ses perspectives et de ses points de fuite habituels. Si généralement le lieu conditionne les propositions artistiques qui s’y déploient, Vladimir Skoda lui le décloisonne, le déborde. Ses œuvres se posent à leurs places comme assignées par des forces cosmiques, suivant une disposition mue par les lois de l’univers.
Ainsi aux Eglises il prolonge et entre en résonnance avec les enjeux métaphysiques de l’architecture sacrée, sans rompre avec les problématiques spirituelles, cosmogoniques et universelles. Si l’artiste ne problématise pas son travail autour de la mystique religieuse, c’est seulement parce qu’il ne met pas de sens là où il n’y en a pas. Il se place plutôt à la croisée du profane et du sacré, en s’attachant aux formes du quotidien, aux formes simples, comme la sphère par exemple. A travers cet intérêt pour ce qui nous est commun, il nous parle d’universel, de nous.
Forgées de main d’Homme, ses sculptures sont le fruit d’une transformation de la matière par le feu. Avec ces éléments modifiés et agencés, l’artiste donne forme ou plutôt corps à ses idées, se rapprochant parfois dans la démarche d’un alchimiste. En déformant la représentation, il interroge tant nos perceptions que nos sensations et s’inscrit dans une tradition qui redéfinit le lien intrinsèque de l’espace et du temps. Vladimir Skoda active un autre lien, celui de l’essence entre l’art et la science, qui forment ensemble l’épistémè : cette conception du monde relatif à une époque et à ses connaissances, dont il nous rappelle subtilement les ruptures et les tensions.
Interrogeant et réinterrogeant le mythe de la modernité, l’artiste ravive les enjeux d’un certain état d’esprit. Héritier des profonds bouleversements techniques et industriels du XIXe et XXe siècles, son travail perpétue et incarne les enjeux d’une modernité, ou de l’idée qu’on s’en fait encore aujourd’hui. Cette modernité que bien des penseurs ont cherché à saisir de façon synthétique apparaît comme une entreprise de libération par rapport aux diverses forces qui maintiennent l’humanité dans un état d’hétéronomie. De la philosophie grecque à la Renaissance ou l’esprit des Lumières, l’artiste nous livre des indices au travers des titres qu’il attribue à ses œuvres : Galileo, Hommage à Foucault, Constante de Planck, Trou noir, Horizons des événements, autant de références aux courants de pensée qui ont remis en question l’épistémè. Mais le point commun, que semble tracer Skoda au travers de ces changements profonds c’est le principe d’émancipation qui les caractérisent : libération des tutelles spirituelle, morale et scientifique de l’Église, de la tutelle politique et économique de la monarchie, de la tutelle esthétique des Anciens, de la tutelle sociale et psychologique de la famille patriarcale, etc. L’esprit de la modernité est un esprit d’affranchissement.
Enfin, il existe une théorie philosophique qui voudrait que l’art soit apparu aux Hommes alors qu’ils jouaient à faire des ricochets et des ronds dans l’eau. Par cette pratique à la fois inutile et ludique, l’Homme aurait découvert son pouvoir de déformer la surface de l’eau et par conséquent son pouvoir de modifier la réalité qui s’y reflète. Si cette onde sur l’eau est potentiellement le mouvement à l’origine de l’art, alors on peut penser que celle-ci continue littéralement de vibrer dans les œuvres de Vladimir Skoda, formant ce qu’il définit comme la quatrième dimension.
Renaud Codron
-
Opening Friday, September 23, 2022 6 PM → 8 PM
Opening hours
Saturday & Sunday, 3 PM – 6 PM
By appointment : monday — friday
Admission fee
Free entrance