Winshluss — Interférence rétroactive
Exposition
Winshluss
Interférence rétroactive
Passé : 11 septembre → 31 octobre 2020
J’ai un projet, Interférence rétroactive, né de ce sentiment étrange, partagé par nombre d’entre nous, d’être dans un film. Ce moment unique que nous vivons a transformé notre vision du monde, ou plutôt, l’a brouillée. La fiction et la réalité semblent fusionner jusqu’à devenir ce que l’on pourrait nommer de la « réaliction ».
Je vais donc remonter aux sources de mes premiers grands traumas artistiques. Je veux parler des films qui m’ont marqué enfant et adolescent.
Il ne s’agit pas uniquement de chefs-d’œuvres, certains sont même des séries Z avérées. Mais ces films sont à l’origine de mon univers, de ma psyché. Leur dénominateur commun ? Ce sont des films de genre. Horreur, violence, action, science-fiction, apocalypse… Pour résumer rapidement. Mon esprit d’enfant encore vierge de références a tout ingurgité avec un appétit sans limites. Plus tard, évidemment, j’ai évolué dans mes goûts, mais je n’ai jamais oublié cette joie primitive ressentie dans la pénombre d’une salle de cinéma ou devant une cassette vidéo fatiguée. J’ai gardé intacte en moi l’énergie de la révélation, elle me sert de carburant. Je vais réaliser, à « ma manière », les affiches des films qui m’ont marqué, mais aussi de films inventés ou rêvés. Je veux jeter le trouble entre la réalité et la fiction. Notre quotidien a basculé dans l’extraordinaire et ceci bien avant cette pandémie mondiale. Que l’on prenne les attentats du 11 septembre, Fukushima, l’exode massif de migrants… Tout est matière à souligner l’ambiguïté d’un monde qui scénarise sa propre chute dans un mélange de stupeur et d’effroi. Du dessin, de la couleur, des phrases racoleuses, de l’exubérance : voilà pour la forme. Je le répète, j’ai besoin de l’élan primitif de la création joyeuse.
Lorsque j’ai adapté Pinocchio en bande dessinée (premier film que j’ai vu au cinéma gamin et qui m’a traumatisé, encore un !), j’avais en tête de parler de la mondialisation. Si j’ai détourné un mythe de la culture populaire, c’est pour donner ma vision d’un monde ultralibéral à la dérive. C’est un procédé presque inconscient que l’on retrouve tout au long de mon travail. J’ai une vision assez sombre de notre société et j’éprouve le besoin de la contrebalancer par une forme ludique, voire grotesque. L’ironie et la mélancolie sont de très bonnes amies, on le sait. Les films que je vais illustrer ont pour sujet un monde en train de collapser. Que ce soit une invasion de morts vivants, une catastrophe naturelle, une explosion nucléaire, une pandémie… Certains diront que la réalité dépasse la fiction. Je dirais pour ma part que c’est la fiction qui prend la place de la réalité.
Le monde ultralibéral prédit sa perte en permanence et, mieux, semble vouloir l’accélérer d’après des scénarios déjà écrits. La prophétie est énoncée, il n’y a plus qu’à l’accomplir comme un bon élève. A-t-il conscience de fabriquer sa propre destruction ? Pourquoi cet acharnement à produire du chaos ? On trouve peut-être un élément de réponse en se tournant 2000 ans en arrière. La culture occidentale prend racine dans l’idéologie judéo-chrétienne. Les fondements de la religion chrétienne reposent sur l’idée de fin des temps, d’apocalypse. Jésus le dit : « la fin des temps est pour bientôt, préparez-vous ! »
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