Farida Le Suavé — O

Exposition

Céramique

Farida Le Suavé
O

Passé : 21 mars → 16 mai 2015

Farida Le Suavé modèle, manipule, construit, cuit ses œuvres de terre — en l’occurrence le grès — comme on arrache la matière du magma informe dans la tradition de la sculpture d’un Medardo Rosso mais nous en propose un résultat paradoxal et moins démonstratif : un objet à la surface finie, d’une tactilité visuelle irrésistible mais qui ouvre instantanément à un monde de questionnement sur ce qu’il nous est vraiment donné à voir et à penser.

Les œuvres de taille plutôt modeste, se présentent pour la plupart sur un socle : socle parallélépipédique classique de la sculpture qui la met au niveau de l’œil et l’abstrait en même temps du monde réel ou bien socle apparemment paradoxal posé au sol, petit objet du quotidien tel le coussin ou l’éponge ménagère ou bien carrément la palette de transport. L’artiste joue effectivement, dans la pratique de sa céramique singulière, de tous les codes acceptés de la sculpture en représentation. Elle touche ainsi à la question de l’objet au monde. Elle énonce les particularités de la discipline et en même temps les déjoue en imposant dans sa sphère l’œuvre issue d’une tradition cantonnée longtemps dans le champ artisanal. Les objets de Farida Le Suavé s’imposent, toutes galaxies artistiques confondues. Aux bribes de formes contenues et évidées, rendues anthropomorphiques par leur surface couleur chair aux multiples et subtiles stries dues à une cuisson millimétrée, succèdent d’autres formes — les Coral — d’une motilité soudain injonctive et délibérément chaotique que vient contredire une surface dont le bleuté glacé invoquerait plutôt une matière figée.

Farida Le Suavé exploite admirablement tous les effets potentiellement contradictoires de sa matière. A ces formes en mouvement ascendant, tels des bourgeons qui poussent pour éclore — solidement arrimées toutefois au sol par une boule-boulet, elle adjoint les Blossom, plus assises, comme écloses, campées sur leur propre socle, ornées d’une floraison ludique. L’artiste invoque à ce propos les tableaux floraux de Georgia O’Keefe et sa somptueuse exploitation du zygomorphisme du crâne et des fleurs. Dualité irréfragable vie-mort exemplifiée dans la série des Broken. Farida Le Suavé l’aborde également dans une saisissante pièce au sol de petits crânes modelés différemment et reliés par la chaine..sémantique.

L’œuvre céramique de Farida Le Suavé saisit en toute simplicité quelque chose de l’infinie variété du vivant.

Ann Hindry — Historienne de l’art et critique d’art — Conservateur de la collection d’art moderne et contemporain de la Fondation d’Entreprise Renault

  • Vernissage Samedi 21 mars 2015 16:00 → 20:00
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