Uncoupdedés.net — Le Cneai= joue l’oubli avec Elie During
Evénement

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Le Cneai= joue l’oubli avec Elie During
Passé : 22 novembre 2013 → 22 novembre 2014
Dans le cadre de la nouvelle programmation du Cneai qui alterne scénarios d’exposition et festivals inauguraux, Elie During propose sa lecture personnelle du lieu en explorant les souvenirs de sa visite.
Du musée à la maison
Un après-midi passé au Centre national édition art image, sur l’île des impressionnistes à Chatou, ressemble davantage à la visite d’une maison que d’une exposition. Cela ne tient pas simplement à l’architecture du lieu et de ses dépendances — le morceau de jardin, la péniche –, mais plus fondamentalement à la manière dont ce qui est montré — c’est-à-dire non seulement accroché à des cimaises, mais aussi simplement adossé à des murs, disposé sur des étagères, couché sur des éléments de mobilier — témoigne en même temps de façon très concrète de l’activité continue de tous ceux qui, dans ces murs, travaillent à organiser et à enrichir une collection en collaboration avec les artistes. Nous visitons donc à Chatou une maison (la Maison Levanneur) qui, du rez-de-chaussée au grenier, est en même temps un atelier ou une fabrique où l’activité artistique se réfléchit et s’exhibe à travers des formats inventifs auxquels correspondent, à chaque fois, certains modes de circulation de l’art à l’âge de sa reproductibilité technique : l’estampe et le livre, mais aussi l’affiche, le journal, le cahier, l’enveloppe, la carte, la maquette, le vinyle, la diapositive, etc.
Or voici la beauté de la chose : ces modes de circulation sont immédiatement effectifs, puisque le visiteur peut faire l’acquisition, pour une somme raisonnable, d’un livre ou d’une affiche qu’il aura trouvés à son goût. Parfois même il n’aura qu’à se servir : les posters bifaces de LIBELLE°, commissionnés par Alexandra Baudelot, imprimés à 1300 exemplaires et scellés dans leur enveloppe souple, sont un exemple parmi d’autres des formes que peut prendre, dans un tel contexte, l’économie du don. En quittant l’île des impressionnistes, on n’emporte pas avec soi le grand catalogue qui témoignera comme un trophée de notre participation directe ou différée à l’événement de l’exposition ; ce sont plutôt des fragments du lieu que nous ramenons chez nous, comme on arracherait une pierre à un site archéologique pour l’ajouter à sa collection personnelle. Qu’ils soient voués à rejoindre un trésor ou à passer de main en main au fil des rencontres, ces morceaux d’art qui n’ont pas besoin d’être des œuvres se donnent avant tout comme les éléments d’une mémoire matérielle du passage. Pris ensemble, ils disposent les marques ou les points d’appui de ce qui pourrait être le diagramme d’une exposition en elle-même virtuelle. Quelque chose comme un prélèvement ou une coupe dans le processus.