Aymeric Ebrard
« Si l’histoire est belle, (…) ce serait dommage qu’elle ne soit qu’un rêve ; si elle n’est pas belle, ce serait dommage qu’on l’ait racontée. »
Fernando Pessoa, Le Privilège des Chemins
Tentant indéfiniment d’organiser le chaos du monde en le hiérarchisant dans un ordonnancement élémentaire de strates et de références superposées, le travail d’Aymeric Ebrard trace de grandes lignes qui ramènent toujours à un repère orthonormé, donc à une origine. Interrogeant à travers le jeu d’équilibre subtil des formes et des masses, les notions de centre et d’axe — axis mundi —, comme celles d’abscisse et d’ordonnée, d’horizon, de vertige, d’étendu, d’infini ou de transcendance, il déploie comme sur un invisible échiquier, ce qu’il reste des pièces d’une comédie humaine mystérieuse dont le système rythme l’espace autant qu’il le définit.
En soulignant ainsi la géométrie fondamentale, il dessine un paysage abstrait aux échos tantôt cosmiques, tantôt chtoniens, où se croisent décors ou personnages, signes primordiaux ou totems marquant la croisée des chemins. Des croisements de références et de sens accouchant de fictions lacunaires, d’objets hybrides, créoles et mélangés, symboliques, fragmentés, figures géométrisées du désir ou de la condition humaine, opaques, hermétiques, énigmatiques en tout cas, des constructions complexes empilant les formes et les signifiés comme les strates du temps, ajoutant sans fin bifurcations et dédales à la complexité infinie du labyrinthe de l’étendu.
Aymeric Ebrard
Contemporain
Installations, performance, techniques mixtes
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