Fabien Boitard
Formé à L’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Bourges, Fabien Boitard peint contre vents et marées avec une fougue qui impressionne d’emblée les regardeurs que nous sommes. Sa peinture vitupère, exprime avec force une certaine forme de protestation. C’est cette première observation-là qui nous aborde — au sens d’abordage — avec franchise pour ensuite découvrir peu à peu une véritable faconde du geste et des élégances enfouies qui de par-dessous la force ressentie font surface au fur et à mesure que notre regard se fait dompter.
Comme d’autres artistes avec d’autres médiums explorent à l’envie diverse technique et façons, Fabien Boitard cherche, lui, la peinture, cherche dans la peinture, et se déplace au travers d’elle, en elle, si vaste. Il nous assène cette vérité que nous avions trop souvent fait mine d’oublier : l’étendue des possibles est telle qu’il n’y a aucune chance pour qu’on en rencontre un jour les limites. Le territoire du médium est infini. Et c’est l’échelle du peintre même qui se heurte à cet espace esthétique et historique sans fond.
Fabien Boitard malgré sa fécondité, ses trouvailles ou même ses retrouvailles avec tant d’expériences anciennes, ne déroge pas à un style, son style, vif, emporté dont il ne saurait faire l’économie. Qu’il torde un châssis, qu’il colle, qu’il recouvre, qu’il arrache, qu’il repeigne, qu’il s’épuise à de lancinantes techniques, qu’il jette, racle, sa personnalité et son style s’affirment sans concession. A ces techniques sans cesse revisitées s’ajoute en plus l’étendue des sujets, des figures et Fabien Boitard ne manque pas d’inspirations, elles pleuvent, que se soit devant sa porte, autour de lui, dans le monde des médias ou dans celui des virtualités numériques ou autre nouveaux mondes.
Tout est sens, qu’il convoque à l’aune de la pertinence de son sens critique. Il va même parfois trop loin pour moi, tellement il s’investit de toutes torsions, au bord du déraisonnable emporté par sa fronde. Il s’avère a postériori qu’il a raison, que sa démesure est juste en regard de celles qui nous tuent sans même que nous ayons l’intelligence de les voir fondre sur nous. Au « tout a été fait » ressassé jusqu’à plus soif, il pourrait répondre : tout est à faire aujourd’hui pour demain parce que nous sommes vivants.