Jean-Alain Corre
Nommé parmi les finalistes au Prix Ricard 2014, Jean-Alain Corre est né en 1981. Diplômé de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon en 2006.
Son travail a fait l’objet d’expositions à Paris, Lyon, Bordeaux, Bruxelles, Leipzig ou Dublin. En 2013, l’artiste expose à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne / Rhône-Alpes, dans le cadre de la 12ème Biennale de Lyon. La même année, il se voit offrir une résidence au sein de l’association Triangle France (Marseille). Il y propose 0,00 €, un group show pluridisciplinaire conçu sous forme de parcours hors les murs.
Jean-Alain Corre, en créateur polymorphe, joue d’une confusion des codes plastiques, cinématographiques et littéraires, convoquant dans sa pratique des influences aussi disparates que celles d’Alexandre Rodtchenko, de Charlie Chaplin ou de l’écrivain James Graham Ballard.
Depuis 2006, il développe plus particulièrement un projet de « feuilleton-exposition » intitulé Johnny. Né d’un texte de l’artiste (Johnny à l’usine, 2006), le personnage éponyme est ouvrier. Ses errances et tribulations fournissent le point de départ à la conception de « sculptures- machines » empreintes d’une fascination pour le constructivisme russe — telle Generatorscape (2009), installée à la galerie Néon (Lyon) en 2009 –, ainsi qu’à l’écriture d’« épisodes ». Le projet Johnny s’affronte à divers types d’imageries — iconiques, verbales et mentales –, dans des perspectives à la fois personnelle, fictionnelle et critique. Jean-Alain Corre revisite notamment des images mythiques issues du répertoire cinéphilique américain, intégrées et fantasmées dans le cadre de la mise en abyme et du détournement narratif.
Toute de clins d’oeil et d’ironie, cette démarche instaure un dialogue polyphonique entre les genres et les disciplines, les discours et les identités. Il en va toujours, en marge de l’intrigue, d’un regard porté sur les clichés et clivages du monde actuel. En témoigne l’épisode « Ginger n’est pas une fille » (2013), présenté à l’occasion de la 12ème Biennale de Lyon. Doublement inspiré d’un roman de Raymond Roussel (Impressions d’Afrique, 1909) et d’un film culte de Jerry Zucker (Ghost, 1990), ce travail, tout en questionnant la capacité du dispositif plastique à construire du narratif, exprime en filigrane des problématiques sociales : dérives de la société de consommation, incertitudes du sujet en contexte post-industriel, mémoires collectives ou intimes.
Jean-Alain Corre ouvre ainsi son imaginaire à un univers complexe, pillant sa bibliothèque et sa cinémathèque personnelles pour interroger le monde dans ses marges et ses incomplétudes. Objets de spéculation sensible, laboratoires de formes et de savoirs, ses pièces syncrétiques renouvellent les catégories fécondes de l’art, de l’artefact et du modernisme.
Guillaume Benoit, 2014
Il propose en 2023 une exposition à la galerie Valeria Cetraro Hibou d’Espelette.
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