Majken Schultz
Construits à partir d’éléments connus réunis de manière inhabituelle, les paysages et les fragments de nature de Majken Schultz représentent des réalités parallèles. Réalités dans ce sens qu’ils décrivent des composants de nos vies nommés temps, pensées, souvenirs. Parallèle, du fait qu’invisibles et immatériels, ou perceptibles pour nous même, ils se situent à un autre niveau de conscience que la réalité que nous pouvons enregistrer et observer avec le regard, l’ouïe et le toucher. Lumineuses et belles avec une forme de naïveté, mais jamais banales, ces œuvres opèrent une séduction proche de celui d’un filet d’araignée dont l’attrait est tel que l’on fini par s’y trouver piégé… obligé à réfléchir.
Cheveux, craquelures, lignes de la peau, feuilles, plumes, gouttes, strates de terre et de pierre, eau, montagnes, arbres, détails anatomiques… constituent des images où les lois de la pesanteur ont été suspendues, où le lourd est devenu léger et le fragile massif. Images en perspective, souvent partant d’un centre et souvent de façon symétrique, forment un circuit clos et calme avec leur propre signification et leur propre ambiance. Face aux plans qui semblent bouger vers l’avant et vers l’arrière, le regard et la perception cherchent à se poser comme devant un caléidoscope ou un test Rorschach. Si la construction n’est pas celle d’une perspective en profondeur rappelant les paysages vus de loin avec leur ambiance quelque peu irréelle de la peinture Renaissance.
La palette est fraîche, mais non agressive à tendance chaude et le langage graphique et souple. Par moment les aplats de couleurs laissent la place à un traitement plus naturaliste qui sert à décrire une surface d’eau, le reflet de la lune, voir un ciel. Ces variations d’écriture employées avec une maîtrise et une liberté qui font que l’une s’enchevêtre naturellement dans l’autre reflètent également les références aux univers exerçant une fascination particulière sur l’artiste : ceux de la BD et de l’animation, de l’art psychédélique, de la tradition de la peinture de paysage japonaise, voir les qualités fusionnelles et organiques de l’Art nouveau.
Ces instantanées de pensées, expression employée par l’artiste, cherchent à situer la relation entre intérieur et extérieur, entre réalité et rêve, imagination, entre psychiatrie et poésie, par le biais d’univers qui se présentent immobiles sans explication.
Les titres sont évocateurs — Clair de lune laissé — Seuls, ensemble — Loin, loin en bas — Pensées en itinérance — ainsi s’expriment sensations, sentiments et souvenirs, ambiguïtés et paradoxes et un désir de pénétrer et rendre compte d’un ailleurs qui est bien là.
Si paysages cachés est la première exposition de Majken Schultz (1977) en France, cette jeune artiste formée à l’Académie de Beaux-Arts de Copenhague a déjà une vingtaine d’expositions à son compte dont notamment plusieurs expositions dans les musées (Match race, Nordjyllands Kunstmuseum, Aalborg, 2007 — Botanisk forvandling, Vejle Kunstmuseum, 2008) et les institutions publiques au Danemark (Kunstergruppen Selvsving, Galleri Overgaden, 2005 — Selvsving, Køge Skitsesamling, 2003)…
Majken Schultz
Contemporain
Peinture
Artiste danoise née en 1977 au Danemark.
- Localisation
- Danemark