Martin Kersels — À propos — Slash Paris

« Débutant par la performance, en tant que membre du collectif SHRIMPS de 1984-93, Kersels entreprit ensuite une série d’œuvres qu’il a intitulée performative objects (objets performatifs), dans laquelle des machines ou des dispositifs sculpturaux se déplacent et / ou produisent des sons et fonctionnent comme des remplaçants maladroits de l’artiste. Ainsi, dans Twist (1993) une prothèse orthopédique trouvée et agrémentée d’une chaussette et d’une chaussure est suspendue par un épais « cordage » fait de bandes élastiques relié à un moteur. Au bout d’un moment, sa torsion est telle que la bande se détend violemment, projetant de façon brutale et hasardeuse la jambe contre le mur (…). Plus récemment, Kersels a créé Tumble Room (2001), inspiré par la scène du film de Stanley Donen Royal Wedding (1951) dans laquelle Fred Astaire danse sur les murs et le plafond. (…) Il a également réalisé plusieurs sculptures monumentales « non-cinétiques » mais qui conservent cependant un rapport aux idées d’échelle (la masse, le poids) et de pathos (l’automatisme, l’échec), également présents dans son travail : Fat Man (2002), Sleeper’s Dream (2003) et Dionysian Stage (2005) (…).

Le travail de Kersels est articulé autour de sa propre « présence dans le monde » — si grand, si imparfait, si vulnérable, si ridicule, si fort. Dernièrement, il a examiné une nouvelle dimension de cette réalité, une dimension qui reconnaît la nationalité, l’Amérique, où la force peut signifier le potentiel pour la violence, où la vulnérabilité exige la vengeance. Si son travail explore les relations parfois tendues, souvent absurdes, entre les corps et les choses, en particulier entre les corps et les machines, ce qui m’intéresse c’est l’automatisme, l’aspect complètement hors contrôle dans le fait d’être humain. C’est l’idée d’une balle, compulsive, impossible à arrêter, marchant sans interruption jusqu’à ce qu’elle se heurte au mur et s’arrête d’elle-même. Le travail de Martin Kersels est profondément anti-autoritaire, présentant l’artiste comme un bricoleur, un autodidacte, poursuivant une recherche particulière, individuelle afin de découvrir ce dont il a besoin pour ses desseins spécifiques. »