Paz Corona
« En pratiquant la peinture je me suis rendu compte que je voulais montrer ça, ça qui ne se voit pas et qui pourtant s’éprouve. Je me suis rendu compte que la peinture voulait dire ça pour moi, que la couleur, la matière, la structure même du tableau me portait à explorer ce qui ne peut s’appréhender que par le biais de ce qui rate. Comme le lapsus, qui dit le ratage du langage : je veux dire quelque chose et inopinément c’est autre chose qui se fait entendre. Le repentir, en peinture, fait surgir en même temps qu’il efface, et ce de manière fulgurante, une pointe de vérité ignorée ou inavouable. Je me suis rendu compte que dans cette entreprise de créer quelque chose à partir de rien, il y avait chez moi une intention qui me dépassait, une sorte d’héroïsme de la séduction. Ce qui s’exprime, dans la tension des corps, l’intensité des regards, l’ouverture d’une bouche d’où la voix aphone se fait entendre bien au delà d’un dire, d’un paysage où le non peint montre le vide, ce sont les objets avec lesquels un peintre travaille son tableau d’où émerge le désirable ou bien l’étrange. Donc, faire de la peinture est l’acte du peintre, qui n’est héroïque que lorsqu’il le soumet au regard de tous les autres dont il vise à causer le désir…»