A bitter sweet legacy

Exposition

Collage, dessin, installations, sculpture

A bitter sweet legacy

Passé : 5 juin → 26 juillet 2014

Ce projet se présente comme la combinaison de trois expositions simultanées, liées par une trame narrative commune, chacune ayant une échelle, un rapport dans le temps et à l’espace particulier. A bitter sweet legacy inclut une exposition dans l’exposition avec Pense-bêtes. Collection 1, et fait également écho à une installation présentée à la galerie Mixed Greens à New York. Ce projet a bénéficié de l’aide à la création de la ville de Paris.

Pour cette exposition, les artistes ont réalisés un travail de recherche et d’atelier dans lequel ils ont conçu une multitude d’œuvres en parallèle, les unes influençant les autres librement. Le résultat dessine les contours d’un environnement où il est question de mémoire, les liens se tissant par échos, références, rappels, variations.

Ce travail s’inspire d’une triple pensée, à la croisée du théâtre de la mémoire (dans l’organisation de la connaissance du monde où les liens se tissent par analogies : Giulo Camillon, Giordano Bruno), de la logique de la méthode paranoïaque critique (dans une reformulation spontanée de références : Salvador Dali), et de la pensée sauvage (dans une appréhension empirique et instinctive du réel : Claude Lévi-Strauss).

La mise en scène et le leurre sont les outils qui permettent aux deux artistes de multiplier les couches de sens et les niveaux de perception, dans une démarche qui tente de réconcilier l’approche conceptuelle et le traitement surréaliste du réel.

A bitter sweet legacy

La succession de pièces et d’installations ponctuent un parcours, et incarnent à leurs manières des rapports multiples aux symboles : projection, création et destruction.

Au rez-de-chaussée de la galerie, le duo de plasticiens reconstitue l’univers d’un enfant fictif avec une installation/décor de dessins, de collages, de sculptures, d’objets et de mobilier. Chaque élément qui la compose est fabriqué et pensé comme une œuvre à la fois autonome et à la fois constitutive de l’environnement. Tout ce qui compose la chambre a été retravaillé fictivement par cet enfant, jusqu’à en faire un univers clos, une projection mentale et imaginaire dans laquelle il s’enferme. Cet enfant fictif, sans sexe ni âge, est à la recherche de sa propre identité, cherchant à se forger son histoire personnelle à travers l’histoire collective qu’il revisite et s’approprie. Un comportement obsessionnel qui répète les choses, les varie, les multiplie pour les épuiser ou les révéler à leur plus simple forme.

Au sous-sol de la galerie, une série de collages met en scène l’après-performance imaginée I like America and America likes me de Joseph Beuys, réalisée en 1974 dans la galerie René Block à New York ; performance dans laquelle Joseph Beuys a cohabité une semaine avec un coyote. Cette action incarne l’ambivalence qui fonde l’acte symbolique : procéder à un geste qui soit autant un discours collectif qu’une expérience individuelle. L’équilibre et la réussite d’une telle action consiste donc à ce que l’un ne prenne pas le pas sur l’autre.

C’est dans une posture admirative et critique que Sébastien Bourg et Sandra Aubry donnent à voir une achronie dans laquelle Joseph Beuys aurait quitté la galerie après sa performance en laissant le coyote dans l’espace, livré à lui-même, pour mourir seul. Ils réutilisent directement les photographies du livre de Caroline Tisdall, photographe ayant archivé les clichés de la performance, et les modifient pour en faire de véritables scènes de crime.

A proximité de cette série, une installation de trois cages. A l’intérieur gisent les squelettes de petits animaux : une souris, un lapin et un rat. Ces petites mises en scène changent l’échelle de la performance des collages, et relient la fiction du rez-de-chaussée avec la performance de Beuys. Ces petites expériences répétées sont la performance rejouée par cet enfant imaginaire, dans une recherche de réconciliation paradoxale avec la domestication animale.

Quelques autres œuvres disposées aux alentours de ces cages ajoutent des indices alimentant une réflexion diffuse sur l’incarnation du contrôle et du pouvoir au service de la mémoire et de l’identité.

Pense-bête. Collection 1

Pense-bêtes. Collection 1 est une exposition dans l’exposition ; la pièce est inclue dans l’installation du rez-de-chaussée.

Le duo invite 130 artistes à investir les petites cases d’une casse d’imprimerie, sur le thème du pense-bête, avec des petites pièces de quelques centimètres.

Les artistes invités témoignent de leur rapport à la mémoire, en produisant un objet ou un signe qui incarne leur stratégie pour mettre l’oubli en échec. Un pense-bête (« toute chose destinée à se rappeler ce qu’on a l’intention de faire »/ Larousse) incarne dans le présent le signe d’un fait futur qui risque de ne pas advenir s’il tombe dans l’oubli avant. Il concilie le souci intellectuel et la réflexion de l’archivage avec le geste simple (idiot ? animal ?) et son expressivité instinctive. Les propositions des artistes sont donc variées : véritable pense-bête fonctionnel, réponse tautologique et conceptuelle liée directement au casier, confidence personnelle et récit intime, proposition incarnant la question de la mémoire dans leur processus créatif…

Cette exposition « en tiroir » s’inscrit dans la logique du musée transportable. Objet à posséder et espace à investir, cette collection mobile emprunte la forme de l’archivage et se situe quelque part entre une hiérarchie muséale et une accumulation formelle hasardeuse.

Ce projet sera suivi d’autres collections sur ce thème du pense-bête, et d’une édition.

  • Vernissage Jeudi 5 juin 2014 18:00 → 21:00
Galerie de Roussan Galerie
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10, rue Jouye-Rouve

75020 Paris

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