Abdul Rahman Katanani — La Vie

Exposition

Installations, sculpture, techniques mixtes

Abdul Rahman Katanani
La Vie

Passé : 12 février → 18 avril 2022

Abdul Rahman Katanani revendique la liberté, et plus spécifiquement dans “La Vie”, la liberté des femmes.

Pour affirmer cette liberté, Katanani, en artiste qu’il est, crée des œuvres et représente la femme dans sa plus somptueuse beauté : il sculpte des vulves. En bidons de pétrole coupés, pliés, froissés, écrasés, soudés, rehaussés, multicolores, avec tous les plis que la nature a inventés pour la vulve, mystère après mystère, beauté après beauté. Toute la beauté de l’anatomie est là, poétique, individuelle et diversifiée, voluptueuse et libre. Cette série d’Abdul Rahman Katanani procède d’une volonté éminemment politique de montrer ce qu’on cache. L’artiste refuse la volonté culturelle séculaire de considérer la vulve comme honteuse. Au contraire, il veut lui rendre hommage.

« Je viens d’une culture de la pudeur, où il faut couvrir, explique Abdul Rahman Katanani, une culture dans laquelle la vulve est considérée comme honteuse. Mon travail est subversif parce que je la regarde et que je la représente comme je le ferais pour un visage, en harmonie avec l’ensemble du corps et les courbes de la terre. Mes sculptures ressemblent à des fleurs, à quelque chose de très naturel et de très beau que l’on peut voir tous les jours dans la nature. Elles sont des fleurs. Elles parlent de beauté, de sa puissance, de fierté. Quand on regarde mes sculptures, on se pose la question : “Est-ce une fleur ou est-ce une vulve ?ˮ En réalité c’est une fleur et une icône sexuelle. Mes sculptures représentent la vie. »

Humaniste et féministe
On savait Abdul Rahman Katanani humaniste, mais qui est humaniste est forcément féministe. En « fouriériste » convaincu et activement engagé, Katanani estime, après Charles Fourier, que la liberté des hommes est subordonnée à la liberté des femmes. L’artiste revendique pour la vulve un statut égal à celui du phallus, comme le fait aussi Georges Devereux (Baubo, La vulve mythique, Payot essais, 2021).

Une position esthétique et philosophique
Le geste de l’artiste relève avant tout d’une position esthétique et philosophique. Ses vulves sont des représentations d’une idée, une idée de la femme globale, une idée de la nature, de ce « centre poétique » qu’est la femme. Un centre qu’il met en pleine lumière. La vulve en gloire.

Au premier étage de la galerie, les fleurs d’Abdul Rahman Katanani vivent en bouquets, fleurissent, s’épanouissent, resplendissantes. Les tiges en fil de fer barbelé portent joyeusement des fleurs en tôle. Elles sont les fleurs du bien. Elles nous rappellent qu’Abdul Rahman Katanani est un homme de joie, qui crée des lendemains où l’éphémère, toujours, reprend la vie.

La vie, contre les ceintures de chasteté. Une pratique qui date des Croisades : il s’agissait de s’assurer que les femmes ne « trahissent » point leur époux en leur absence. Ces ceintures, Abdul Rahman Katanani les considère comme une négation de la vie. L’artiste nous fait voir cette ceinture de fer qui n’est pas sans évoquer la ceinture de béton dans laquelle il a vécu pendant des décennies. Parce que « La vie » est ainsi faite et que l’artiste, en nietzschéen qu’il est, veut la représenter dans sa totalité.

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