Alain Declercq — Blast
Exposition
Alain Declercq
Blast
Passé : 13 septembre → 12 octobre 2013
Alain Declercq : combattre le feu par le feu
Le moment est assez bien choisi pour la nouvelle exposition personnelle d’Alain Declerq à la galerie Loevenbruck, à l’heure où la polémique enfle autour de l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden et de ses révélations sur des programmes de surveillance ultraconfidentiels. Les documents classés secret défense qu’il a communiqués à la presse donnent la mesure d’un système d’écoutes dont l’ampleur effarante embarrasse le gouvernement américain et consterne les alliés européens soumis à un espionnage électronique.
Comme dans une prémonition de ce scandale, Declercq explore le domaine du renseignement et des technologies militaires depuis une dizaine d’années. Durant cette période, il a mené de nombreuses opérations d’infiltration dans des sites sensibles étroitement surveillés et interdits d’image, comme le troisième tunnel creusé par la Corée du Nord pour envahir la Corée du Sud (Please Don’t Take Pictures of the 3rd Tunnel ; Prière de ne pas photographier le tunnel n°3, 2009), ou la salle d’audience lors du procès du membre présumé d’Al-Quaïda Djamel Beghal (Beghal, 2005). Son enquête la plus marquante de ces dix dernières années s’est déroulée aux États-Unis, où il s’est introduit dans des bâtiments officiels, des lieux de détention et, plus près de l’actualité immédiate, dans des agences de renseignement américaines. Grâce à ces collectes d’informations, toujours clandestines et souvent accomplies avec des techniques de prise de vues improvisées, l’artiste a constitué des archives d’images prohibées dévoilant des lieux et des événements cachés aux regards. On pourrait suggérer que Declercq s’est donné pour mission de contribuer à la surveillance des stratégies et protocoles du renseignement mis en place par le gouvernement américain, afin que le public ait droit à des explications sur l’interception des données personnelles et sur les organismes d’État œuvrant à la violation de la vie privée.
Pour sa quatrième exposition personnelle à la galerie Loevenbruck, Alain Declercq réunit deux recherches récentes étroitement liées entre elles : les photographies Blast (2013) et les sculptures Glass Blast (2012). Dans la série Blast, il poursuit son travail sur la photographie comme résultat d’une intervention et témoin d’une action, d’un mécanisme ou d’un événement. Ces images d’explosions supervisées par l’artiste répertorient les phénomènes de combustion de diverses substances employées dans l’armement actuel ou ancien. Elles fournissent une reproduction esthétisée des propriétés explosives du napalm, du TNT, du phosphore et du C-4, entre autres agents chimiques, saisis à l’instant où ils passent de la stabilité à la volatilité.
Les photographies de la série Blast se doublent d’un autre type de reproduction. Les formes creuses des cannes de souffleur de la série Glass Blast recréent le moment de l’explosion sur le mode tridimensionnel. Les délicates boules de verre en fusion, soumises aux techniques millénaires du verre soufflé, figent de même l’instant de la combustion, comme pour juguler les effets dévastateurs de la réaction chimique explosive, ici encore au point de bascule entre stabilité et volatilité.
— Mark Feary, juin 2013.
Mark Feary, commissaire au centre d’arts plastiques Artspace, à Sydney, a travaillé au West Space et au Centre for Contemporary Photography à Melbourne. Commissaire associé du pavillon australien à la Biennale de Venise en 2003 et en 2005, il a effectué un stage au PS1 de New York, il a également participé en 2009 à l’International Curator Course organisé par la Biennale de Gwangju et, plus récemment, au programme Focus initié par l’Institut français.
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Vernissage Jeudi 12 septembre 2013 à 18:00
Horaires
Du mardi au samedi de 11h à 19h
Et sur rendez-vous