Albert Oehlen — Endless Summer

Exposition

Peinture

Albert Oehlen
Endless Summer

Dans 6 jours : 20 octobre → 20 décembre 2025

Galerie Max Hetzler, Paris, est heureuse de présenter Endless Summer, une exposition personnelle de peintures récentes et inédites d’Albert Oehlen. Prenant pour point de départ la figure de la baigneuse, Oehlen fait osciller ses œuvres entre figuration apparente et abstraction insaisissable, dans un style caractéristique.

Dans cette série de toiles richement peintes, l’artiste décline à l’envi la figure d’une femme nue aux cheveux noirs. Parfois représentée sur un fond bleu azur, elle apparaît également sur une toile vierge ou, au contraire, ornée d’une myriade de couleurs, de textures et de formes. S’appuyant sur la figure récurrente de la baigneuse dans l’histoire de l’art occidental, Oehlen fait aussi référence à une petite peinture de John Graham (1886–1961), Tramonto Spaventoso (Coucher de soleil terrifiant), réalisée entre 1940 et 1949, qui occupe de manière quasi obsessionnelle l’imaginaire d’Oehlen depuis plus de trente ans. L’œuvre en question représente un étrange assemblage de personnages et de formes, parmi lesquels un autoportrait de Graham, affublé de lunettes et d’une moustache en croc à la manière de Dalí, ainsi qu’une sirène brune, de profil, et dont la silhouette ondoyante nourrit largement la production récente d’Oehlen.

L’artiste découvre la peinture de Graham dans les années 1990, à travers une petite illustration dans un ouvrage de Dore Ashton consacré à l’école de New York : « Reproduite en noir et blanc, elle m’a immédiatement fasciné », se souvient Oehlen. « Je ne la comprenais pas du tout. Je la trouvais laide, et en même temps propice à d’infinies interprétations. »1 Depuis, elle agit comme catalyseur inépuisable pour la série des John Graham Remixes, entamée en 1997. Déclinant les variations d’un même thème, la baigneuse d’Oehlen glisse d’une forme reconnaissable vers un « chaos anamorphique », selon l’expression de Rudolf Schmitz.2 Dans plusieurs compositions en effet, les cheveux noirs en bataille et le profil du nu d’Oehlen sont clairement identifiables. Ailleurs, sa silhouette se dissout en une série de gestes abstraits, constituée de coups de pinceau appuyés et de délicats ruisseaux de couleurs qui semblent se dévider.

Un objet phallique en perpétuelle mutation — référence directe à l’iconographie de Salvador Dalí (1904–1989), influence majeure d’Oehlen, surgit parfois à la surface des toiles, tandis qu’un peu plus loin, on reconnait le visage moustachu, emprunté à l’autoportrait de Graham. Le commissaire d’exposition Veit Loers avait d’ailleurs désigné cette figure comme « le fameux Homme d’Oehlen », annonçant par la même occasion la série Ömega Man (2021–2024)3. Ces glissements s’expriment également dans le traitement même du médium : ces huiles sur toile, parfois enrichies d’acrylique, de laque, d’émail ou de peinture en spray, rappellent en effet la transparence de l’aquarelle, lorsque les couleurs se diffusent et se mêlent les unes aux autres.

A travers cette superposition de références, Oehlen renvoie également à sa propre pratique. Ainsi, les lignes géométriques tentaculaires rappellent les emblématiques Baumbilder (Peintures d’arbres), un motif que l’on retrouve régulièrement dans l’œuvre d’Oehlen depuis les années 1980. D’autres toiles présentent une structure en grille, en écho à son exposition Schweinekubismus (Cubisme porcin) à la Galerie Max Hetzler à Berlin, en 2024. Cette fragmentation picturale s’affirme comme une représentation introspective du processus artistique d’Oehlen, où les idées sont détricotées, se déforment et se recomposent sans cesse. Oehlen reprend ainsi le principe du remix musical et démontre sa virtuosité à faire émerger la différence dans la répétition.

Explorant à la fois l’histoire de l’art et l’histoire personnelle de l’artiste, cet assemblage de motifs et de références évoque à la fois tout et rien. Et c’est à travers cette esquive caractéristique de la quête de sens qu’Albert Oehlen continue de réinventer la peinture en des formes infinies et sans cesse renouvelées.

L’exposition Endless Summer est présentée conjointement dans les galeries parisiennes Max Hetzler et Gagosian, et est accompagnée d’un catalogue coédité comprenant un essai de Jean-Pierre Criqui ainsi qu’un entretien avec Max Dax au sujet du travail cinématographique d’Albert Oehlen.

Albert Oehlen (né en 1954 à Krefeld) vit et travaille en Suisse. Il expose régulièrement à la Galerie Max Hetzler depuis 1981. Les œuvres d’Oehlen font partie des collections de nombreuses institutions, parmi lesquelles : The Broad, Los Angeles ; Centre Pompidou, Paris ; The Cleveland Museum of Art ; Fondation Louis Vuitton, Paris ; Institut Valencia d’Art Modern ; Los Angeles County Museum of Art ; Mudam, Luxembourg ; Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg ; Musée d’Art Moderne de Paris ; Museum Brandhorst, Munich ; Museum of Contemporary Art, Chicago ; Museum Ludwig, Cologne ; The Museum of Modern Art, New York ; Museum für Moderne Kunst, Francfort-sur-le-Main ; Staatliche Kunstsammlungen Dresden ; et la Tate, Londres, entre autres.

1 A. Oehlen, Albert Oehlen, Cologne: Taschen, 2017, p. 230.

2 R. Schmitz, ‘No Fooling, All Painting’, Der Ritt der Sieben Nutten. Das war mein Jahrhundert, catalogue d‘exposition, Städisches Museum Abteiberg Mönchengladbach; Cologne: Walther König, 2000, p. 61.

3 V. Loers, ibid., p. 7.

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