Aline Bouvy — Le prix du ticket
Exposition
Aline Bouvy
Le prix du ticket
Encore 2 mois : 6 octobre 2024 → 26 janvier 2025
Aline Bouvy — La Ferme du Buisson, Noisiel Aline Bouvy réactive à la ferme du Buisson son exposition Le prix du ticket, un projet sculptural plein d'humour et d'invention qui joue avec les codes du parc d'attraction pour en souligner les tensions organiques. Et les nôtres.« La fête a aussi son décor, son architecture, ses codes, ses apparats, ses costumes et, souvent, son système hiérarchique bien spécifique. » Aline Bouvy
L’artiste belge et luxembourgeoise Aline Bouvy présente sa première monographie en France, co-produite avec Triangle-Astérides à Marseille. Son titre joue sur le double sens du mot « prix » : ce dont il faut s’acquitter financièrement pour entrer dans un espace de loisir, mais également ce qu’il en coûte, ce que l’on doit sacrifier. Pour cette exposition, l’artiste s’intéresse à l’histoire des parcs d’attractions et des parcs à thèmes, et plus largement aux idéologies qu’ils véhiculent. En France, ceuxci font irruption dans les années 1980 et sont les héritiers des traditionnelles fêtes foraines ainsi que des expositions universelles et coloniales.
Une haute grille ourlée comme une lèvre, ornée d’un oeil et de larmes, barre l’espace d’exposition dès son entrée. Derrière elle : des costumes pendent du plafond, esquissant une faune sousmarine spectrale. Pour qui pourra entrer, l’exposition propose de faire l’expérience de pénétrer dans une sculpture monumentale — mi-visage grimaçant, mi-jambes entrouvertes d’où s’échappent d’étranges cris — ou de se glisser dans une cabine de verre sans tain, au milieu d’un parcours d’étranges personnages et de larges jetons disposés au sol. Le prix du ticket invite les publics à déambuler dans un environnement complètement blanc, habité par des installations, des costumes et une bande-son. L’exposition convoque des phénomènes de hantise, de distorsion, d’angoisse ou d’humour par une monochromie extrême : une cruelle fiction blanche. Car l’homogénéité des œuvres invite elle aussi à un glissement de sens : de la blancheur à la blanchité, impliquant dans un cas comme dans l’autre une prétendue neutralité, un certain ordonnancement du monde.
Conçue dans sa première itération pour l’espace du Panorama de la Friche la Belle de Mai, à Marseille, l’exposition s’adapte et se transforme pour sa seconde présentation à la Ferme du Buisson.
Ici, les pilules, jetons et cachets géants disposés au sol font écho à l’histoire des industries Menier, intimement liée à celle du développement pharmaceutique. Jean-Antoine Brutus Menier, avant de fonder les chocolateries Menier, connaît le succès et la richesse grâce aux triturations : la réduction en poudre de principes actifs utilisés dans la conception des médicaments. De la pharmacie à la confiserie, l’exposition pose elle aussi la question de l’ingestion de remèdes ou de drogues récréatives : dans un cas comme dans l’autre, des substances à même d’influer sur notre perception du monde.
L’intérêt de l’artiste pour les parcs à thème éclaire également l’histoire du territoire de la Seine-et-Marne et de la création de Val d’Europe, sur la commune de Marne-La-Vallée. Un partenariat pionnier entre la Walt Disney Company et l’état Français inaugure en 1987 la construction d’ensembles résidentiels à l’architecture néo-classique, synonyme de sécurité et d’entre-soi pour la classe moyenne. La ville nouvelle et le parc Euro Disney sont deux modèles d’organisation urbanistique contigus qui viennent s’implanter sur les territoires agricoles du département. À Euro Disney, des pastiches d’architectures haussmanniennes exaltent l’image d’un Paris fantasmé et aseptisé : les bâtiments, se rapetissant au fur et à mesure des étages, donnent l’impression d’une petitesse familière.
L’exposition d’Aline Bouvy ne cesse elle aussi de jouer d’échelles et de distorsions visuelles dans le but de provoquer chez le·a visiteur·euse une légère sensation de malaise et de questionner notre participation volontaire — et parfois aveugle — à l’ordre social.
Née en 1974 en Belgique, elle vit et travaille entre la Belgique et le Luxembourg. Aline Bouvy explore de nombreux médiums tels que la sculpture, le dessin, la photographie, le son. Entre 2000 et 2013, l’artiste a co-fondé le collectif féministe « The After Lucy Experiment » avec Claudia Radulescu, Delphine Deguislage, Charlotte Beaudry, Céline Gillain et Aurélie Gravas (de 2010 à 2015). […] Elle interroge notre rapport au corps et à l’espace pour nous inviter à de nouvelles expériences sensorielles à la fois séduisantes et repoussantes. Le corps devient ici un médium. Entre désir et empathie, des formes et des langages se révèlent là où il est difficile de faire advenir une image ou une parole. Si ses œuvres contiennent une forte charge sensorielle liée à l’identité et aux tabous, l’histoire des corps, tant masculins que féminins, est […] convoquée dans son rapport latent et sexuel, domestique, intime et politique. […] En revisitant la lente trajectoire utopique d’une culture en train de se détourner des modèles dominants du patriarcat et de l’hétéronormativité, la libido délivrée de toute morale, sans jugement, destitue ces corps incarnant l’autorité d’une société qui surveille et enferme nos corps. Cette mise à nu du monde sous surveillance lui permet de détourner les codes tant esthétiques que politiques du pouvoir et de la domination afin de déstabiliser nos repères. […] Notice biographique par la curatrice Marianne Derrien.
Horaires
Du mercredi au dimanche de 14h à 19h30
et les soirs de spectacles
Tarifs
Entrée libre
Programme de ce lieu
L’artiste
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Aline Bouvy