Amélie Bigard — Ecstasy

Exposition

Peinture

Amélie Bigard
Ecstasy

Encore 4 jours : 30 mars → 30 avril 2024

Amélie Bigard expose les effets psychiques de la violence. À la manière d’un dark teenage movie, ses icônes émo chroniquent le mal-être d’une partie de la jeunesse occidentale.

En renvoyant à chacun·e la responsabilité de son désespoir, l’individuation néolibérale dissimule les dynamiques sociopolitiques qui en sont à l’origine, et empêche toute conscientisation et action collective. Sans doute Amélie Bigard, inspirée par l’icône orthodoxe religieuse qu’elle a étudiée à Marseille, peint-elle les anges déchus de son époque et les présences fantômes — normes ou figures d’autorité — qui les tourmentent. Père autoritaire, Dieu ou idéal de réussite néolibéral, les grands totems du passé ont perdu de leur aura, mais les cages invisibles qu’elles ont tracées pour nous, demeurent. L’artiste révèle comment nous pouvons alors rester entravé·es par des forces auxquelles on n’adhère plus, planté·es dans une matrice désuète, perdu·es dans les limbes de l’indétermination.

Amélie Bigard représente la sortie de la caverne des illusions de l’enfance et la découverte brutale de la réalité. Le nez à peine dehors, un vide s’installe, celui laissé par des fantasmes jamais accomplis, par des futurs avortés, par la dépression, par une rupture, par des éloignements. Un vide pour lequel les peluches mignonnes offertes par le capitalisme ne sont d’aucun recours.

Archétypes d’une jeunesse brisée dans ses élans, les personnages d’Amélie Bigard sont autant de présences zombies. Les corps figés, iels, n’ont pas encore totalement retrouvé la vie. Ils squattent des espaces liminaux, des salles d’attente de médecins ou des chambres-tanières. Complètement rincés, noyés dans les couleurs palottes des administrations et des hôpitaux, iels sont recroquevillé·es sur elleux mêmes, en phase chrysalidaire. Parfois, iels sont plusieurs et certain·es se tiennent la main ou s’enlacent. Ceux-là ont de la chance. Amélie Bigard peint à la fois nos douleurs collectives et les éclats (la tendresse, les relations humaines…) qui empêchent de sombrer. Une grande métamorphose approche.

Julie Ackermann

03 Le Marais Zoom in 03 Le Marais Zoom out

70 rue des Gravilliers

75003 Paris

T. 09 73 56 68 31

Site officiel

Horaires

Du mercredi au samedi de 14h à 19h

L’artiste