Anselm Kiefer — Für Andrea Emo

Exposition

Peinture, sculpture

Anselm Kiefer
Für Andrea Emo

Passé : 11 février → 31 mai 2018

Cinq ans après l’exposition d’Anselm Kiefer pour l’inauguration de notre espace de Pantin et à la suite de sa rétrospective au Centre Pompidou en 2016, la Galerie Thaddaeus Ropac présente une nouvelle série d’œuvres de l’artiste à Paris.

L’exposition, intitulée Für Andrea Emo, montrera une sélection de plus de vingt tableaux de taille moyenne et monumentale ainsi que trois sculptures explorant le thème de la sédimentation du souvenir cher à Kiefer. Ces vitrines, qui mettent en scène une connexion spirituelle entre différents éléments, sont autant de fossiles ou d’artefacts mis au jour, autant de micro-fictions à déchiffrer. Les tableaux reflètent quant à eux de l’intérêt que l’artiste porte depuis longtemps aux idées de destruction et de régénération d’une manière entièrement nouvelle. En faisant couler du plomb en fusion sur des toiles récentes, Kiefer oblitère l’image originale et insuffle ainsi une nouvelle vie à ses propres œuvres dans un geste radicalement iconoclaste.

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Anselm Kiefer, Für Andrea Emo, 2013-2017

Les références philosophiques et littéraires ont toujours joué un rôle essentiel dans l’art d’Anselm Kiefer. L’exposition est dédiée à Andrea Emo (1901-1983), philosophe italien dont les réflexions nihilistes ont nourri le développement de son travail. Penseur solitaire, qui a choisi la voie de la réclusion et de l’auto-exclusion du monde académique, Andrea Emo est une figure importante de la nouvelle pensée métaphysique. Son écriture singulière, sous forme de fragments et de notes, dessine une théologie de la négativité. Chez Emo, la modalité privilégiée du temps est le souvenir : « il n’y a pas de nouveauté hormis dans le souvenir… le nouveau naît à partir de nous, qui sommes le futur, si nous pouvons renoncer à celui-ci. » C’est ainsi qu’Anselm Kiefer trouve dans la philosophie d’Emo un écho à ses propres questionnements. Lorsqu’Emo écrit « l’acte est la destruction des tableaux, leur mort, leur sommeil, les tombes dont ils ont besoin pour pouvoir ressusciter », Kiefer répond: « tu as pris conscience du fait qu’un tableau éteint toujours le suivant, que c’est un mouvement constant d’abolition de soi et de renaissance. »

La conception cyclique du temps irrigue toute l’œuvre de Kiefer. Elle s’incarne ici dans la matière même des œuvres, qui subissent un acte de destruction avant de gagner une valeur nouvelle. Ainsi Kiefer écrit dans son journal, publié dans le catalogue de l’exposition : « Sans colère, sans désespoir, contrairement à autrefois, j’ai posé les tableaux par terre et versé dessus le plomb brûlant. Plus aucun motif de désespoir, car tu le sais : quelque part il y a un résultat, mieux, tu intègres d’emblée l’échec dans le calcul. Le résultat serait-il différent si le plomb coulait autrement, si l’acte destructeur se produisait par rage et non par calcul ? »

Si sur certaines toiles la couche de plomb solidifié laisse encore entrevoir un paysage, sur d’autres elle emprisonne les éléments picturaux rejetés par la surface calcinée.

La peinture devient alors sa propre sédimentation, un palimpseste. Kiefer note : « Ce pansement de plomb qui ne peut plus être détaché de la peau de peinture, ces plaies suppurantes du plomb encore bouillant quand le pigment n’est pas sec, les petites pailles sur un champ que j’ai peint il y a des années et qui apparaissent comme des restes calcinés sur le plomb solidifié — tout cela me rappelle les poèmes de Baudelaire. »

Un livre comprenant des extraits du journal d’Anselm Kiefer paraîtra à l’occasion de l’exposition.

  • Vernissage Dimanche 11 février 2018 14:00 → 18:00
93 Seine-St-Denis Zoom in 93 Seine-St-Denis Zoom out

69, avenue du Général Leclerc

93500 Pantin

T. 01 42 72 99 00

www.ropac.net

Église de Pantin

Horaires

Du mardi au samedi de 10h à 19h

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L’artiste

  • Anselm Kiefer