Arnulf Rainer — Early Work
Exposition
Arnulf Rainer
Early Work
Passé : 7 septembre → 12 octobre 2019
“Bien que non exclusivement, je considère d’abord la création artistique comme un monologue intérieur. Un peu comme le rêve se poursuit dans un sommeil profond, le recouvrement d’une peinture est la continuation de ce monologue dans le silence.”
Arnulf Rainer, 1973
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La galerie Thaddaeus Ropac présente la première exposition monographique d’envergure consacrée aux premières œuvres d’Arnulf Rainer en France. Arnulf Rainer est considéré comme un pionnier de l’Art Informel en Autriche, mouvement caractérisé par une approche intuitive et expressive d’une abstraction lyrique. Cette exposition réunit dans la galerie du Marais un ensemble exceptionnel de Surpeintures (Übermalungen) rouges et noires datant de 1953 à 1969 ainsi que des Proportions (Proportionsstudien), œuvres sur papier du début et du milieu des années 1950. Sur les trois étages de la galerie du Marais, l’exposition montre l’évolution du rapport de l’artiste à l’abstraction, depuis la rigueur mathématique des études de proportions à la subjectivité émotionnelle des Surpeintures.
Les premières œuvres d’Arnulf Rainer placent l’artiste dans une position singulière, à la croisée de nombreuses influences, entre surréalisme, minimalisme et expressionnisme abstrait. Dans les années 1950, Rainer développe le concept de Surpeinture, influencé par le principe surréaliste de l’écriture automatique. Rainer commence à travailler sur cette série en 1952 après un voyage à Paris qu’il effectue avec sa compatriote, l’artiste Maria Lassnig. À cette occasion il rend visite au poète germanophone d’origine roumaine Paul Celan, pour lequel il nourrissait une grande admiration. Celan traduisait alors en allemand Précis de décomposition (1949), un livre du philosophe roumain Emil Cioran dont il reconnaît l’influence sur sa manière d’envisager la peinture et sur sa pratique ultérieure.
À son retour en Autriche, Rainer commence à peindre sur ses propres tableaux, puis, à partir de 1953, sur des tableaux d’autres artistes en raison de ses maigres moyens financiers. Rainer se souvient: “Je n’avais pas d’argent alors je me rendais au marché aux puces et j’achetais des tableaux anciens. Ces toiles étaient beaucoup moins chères que des toiles neuves. Je m’en servais comme support pour mes peintures et j’ai réalisé qu’il y avait une différence selon que je peignais par-dessus une nature morte ou une figure féminine, vêtue ou non, sur une montagne, un bateau, ou quoi que ce soit d’autre. Cela a eu une sorte de contre-effet sur moi, et j’ai commencé à m’intéresser à la ‘surpeinture’.”
Convaincu que la peinture est une forme visuelle de la conscience spirituelle, Rainer décrit la spécificité de son travail dans le contexte de l’abstraction gestuelle comme suit: “Contrairement à la peinture gestuelle, la peinture de recouvrement monochrome s’effectue lentement. Car c’est un processus de création passif, le peintre doit écouter avec patience et attendre jusqu’à ce que l’endroit des points à recouvrir se fasse remarquer désagréablement […]. L’acte organique de créer est peut-être plus essentiel que le tableau fini; car cette participation progressive à l’obscurcissement ou encore à l’immergement du tableau, sa rentrée petit à petit dans dans la paix et l’invisibilité (le grand Océan) pourrait se comparer à l’expérience contemplative de la vie religieuse.”
Une sélection d’importantes œuvres sur papier seront exposées en dialogue avec les Surpeintures. Composées de plusieurs bandes de papier coloré assemblées ensemble à la manière d’un collage, les Proportions (1953-54) combinent l’influence de l’abstraction moderniste et de l’expérimentation dans le domaine du Color Field. Avec un vocabulaire plastique réduit à l’essentiel, ces œuvres résultent de la volonté de se concentrer exclusivement sur la composition et l’équilibre des formes, loin de toute subjectivité, imagination ou émotion.
Le catalogue qui accompagne l’exposition comprend la transcription de la conversation entre Arnulf Rainer et Hans Ulrich Obrist qui a eu lieu en novembre 2005 au MUMOK [Museum of Modern Art Foundation Ludwig Vienna], ainsi que cinq courts textes d’Arnulf Rainer, écrits entre 1954 et 1976 et un poème de la célèbre poètesse autrichienne Friederike Mayröcker écrit spécifiquement pour l’exposition.
L’artiste
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Arnulf Rainer