Bente Skjøttgaard — Dans les nuages
Exposition
Bente Skjøttgaard
Dans les nuages
Passé : 3 septembre → 16 octobre 2010
Entre ciel et terre, ou plus précisément entre nuages et boue, Bente Skjøttgaard œuvre depuis un moment au-dessus de nos têtes et sous nos pieds.
Dans les nuages est la quatrième exposition de l’artiste à Paris. Elle est le fruit d’une recherche quasi-contradictoire pour fixer dans la terre cuite les qualités légères et éphémères des nuages. Coïncidence plutôt drôle, ce travail s’est développé parallèlement à la commande publique d’une œuvre monumentale, Traces, où elle s’inspire des empreintes de sabots bovins que l’on peut encore observer dans le sol de l’axe historique Hærvejen, qui reliait autrefois les éleveurs danois aux marchés allemands.
L’intérêt de Bente Skjøttgaard pour les « hautes sphères » a débuté il y a deux ans, lors de sa première visite en Corée du Sud où elle découvre la tradition céramique du pays, notamment les céladons et les jarres de lune. Peu après, ses premiers nuages voient le jour, sortes de croissances où des structures de colombins s’entrelacent et s’élèvent au sommet de « troncs » très fins. La palette combine des blancs immaculés et des bleus de cobalt, rappelant la tradition porcelaine du bleu/blanc. Puis, rapidement, les nuages vont s’étaler horizontalement ou, au contraire, prendre des formes plus dynamiques, tournantes, sur le point de s’étendre et de poursuivre un flottement paresseux, ou parfois vif…
Un deuxième voyage au « pays du matin calme », en 2009, lui offre une étrange vision : des sphères à peine perceptibles semblent remplir l’air d’une soirée très brumeuse. Ces formes circulaires, tridimensionnelles et graphiques intègrent désormais ses constructions de nuages ; dans certaines sculptures, elles vont jusqu’à créer des structures organiques très libres, dans un enchaînement de rondeurs et de cavités. La recherche chromatique tend vers le psychédélique : Lucy in the sky n’en est pas si loin quand on contemple les bleus turquoises, les mauves et les variations de rose, les jaunes clairs et les verts acidulés qui se sont emparés des nuages. Tout le spectre céleste dans son incroyable diversité est représenté ici, par le jeu d’harmonies ou de contrastes forts créés par l’emploi d’oxydes de cuivre, de chrome et de stains.
Dans ces œuvres, si les couleurs sont une réjouissance pour la rétine, les glaçures invitent aussi à toucher, voire à savourer… denses et mates, soyeuses, parfois écumeuses, elles recréent la matière dodue des nuages. Tantôt de petites dimensions, accrochées ensemble pour former des champs de nuages (Cloud field), tantôt grandes solitaires, posées ou suspendues, ces sculptures reflètent le mélange de poésie, de démesure et d’humour qui caractérise l’univers de l’artiste. Bente Skjøttgaard est bien partie pour remplir l’espace de nuages, ces masses vaporeuses qui peuvent transporter loin le spectateur immobile.
La Galerie Maria Lund a présenté trois expositions (2004, 2006 et 2008) de Bente Skjøttgaard (née au Danemark en 1961) qui ont reçu un excellent accueil — autant par le public que par la presse (entre autres Art Press, Le Figaro, La Revue de la Céramique et du Verre) et les institutions. Les deux premières expositions rendaient compte de l’évolution de son œuvre : de l’interrogation systématique des objets utilitaires traditionnels en grès à l’élaboration de formes où la fonction se perd totalement avec des références à l’organique, au végétal et à l’aquatique. La série Elements in white de 2008 a été un véritable tour de force qui a fait naître une vingtaine de sculptures de grande taille. Partant d’une recherche sur les origines géologiques de la céramique et d’une expérimentation sur la couleur blanche et les variations de textures, Bente Skjøttgaard a créé des fragments de paysages et de mouvements de masses. Deux de ces sculptures ont rejoint le Fond national d’art contemporain, Paris et le V&A, Londres.
L’œuvre de l’artiste est également représentée au Musée National de la Céramique, Sèvres, ainsi que dans nombre de collections publiques dans le nord de l’Europe. Bente Skjøttgaard expose régulièrement en Europe, aux Etats-Unis ainsi qu’en Corée du Sud (Adventures of the Fire — World Contemporary Ceramics, 5ème Biennale de céramique, KIAF 2008, 2009 et 2010). En 2009, elle a participé à la Biennale de Chateauroux et en 2010, elle a été sélectionnée à la Biennale de Vallauris dans la section sculpture.
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Vernissage Jeudi 2 septembre 2010 18:00 → 21:00
Horaires
Du mardi au samedi de midi à 19h
Et sur rendez-vous
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