Bente Skjøttgaard — Aire de repos

Exposition

Céramique, sculpture

Bente Skjøttgaard
Aire de repos

Passé : 21 septembre → 2 novembre 2013

L’aire de repos est un intermède sur la route — un carrefour entre le paysage et un petit concentré de la civilisation contemporaine. C’est l’endroit où le voyageur retrouve sa propre vitesse, le contact avec le sol et peut-être un moment pour rêver et regarder le ciel. De tels croisements de registres, notamment ceux entre nature et culture, sont au cœur des recherches de la plasticienne-céramiste Bente Skjøttgaard. Ses œuvres nouvelles s’inscrivent dans un travail de plusieurs années sur les nuages et les traces. Elles sont non seulement une interprétation très libre et ludique des phénomènes de notre environnement, mais aussi un prétexte pour interroger les notions de rupture et d’intervention.

Traces de passages

En 2011, le relief monumental Traces, 50 m2 de terre cuite portant les empreintes des sabots de bœufs, est installé de façon permanente le long de la Route de l’armée (Hærvejen), axe historique autrefois lié au commerce du bétail dano-allemand. Pour cette œuvre commandée par le Danish Arts Council, Bente Skjøttgaard a envoyé six bœufs courir sur une surface de terre brute qu’elle a ensuite découpée et cuite. L’idée d’intervenir en laissant les traces d’un passage a trouvé une suite avec la nouvelle série de reliefs Frieze P7 pour laquelle l’artiste a roulé avec sa Fiat Multipla et ses pneus Pirelli P7 sur plusieurs mètres d’argile. Elle a ensuite recouvert ces frises de glaçures monochromes blanches, turquoise ou jaunes, qui, comme l’eau de pluie ou la glace, remplissent les cavités, venant souligner le dessin d’une trace de pneu dans la terre. En transformant ces empreintes sur une surface horizontale en œuvres murales, l’artiste met le monde sens dessus dessous : la perspective passe à hauteur d’yeux et les milliards de kilomètres de traces de pneus sur la planète deviennent potentiellement des objets de contemplation qui donnent l’idée d’un mouvement infini.

Nuages, turbulences et autres perturbations

Le sujet des nuages était omniprésent dans la dernière exposition personnelle de Bente Skjøttgaard à la Galerie Maria Lund, au titre évocateur, Dans les nuages (2010). Blancs et dodus, couleur pastel « marshmallow » ou d’un bleu cobalt rappelant la porcelaine classique, cet ensemble inspiré d’observations scientifiques s’est mué en un parc personnel, imaginaire, ludique et léger de nuages.

Dans Aire de repos, on retrouve les « nuages/arbustes » créés par des entrelacs de fins colombins de terre posés sur leur tige — Forêt de nuages. Mais ils sont liés maintenant à l’idée de miroir, de double, avec des compositions qui s’organisent autour d’une ligne horizontale centrale, sorte de scission visuelle colorée à partir de laquelle deux moitiés quasi identiques partent respectivement vers le haut et vers le bas. Dans d’autres œuvres, la base de glaçures brillantes turquoise et vertes reflète les nuages qu’elle porte, agissant comme un « miroir de ciel sur terre » à l’instar d’une simple flaque d’eau où l’on peut voir le ciel. Bente Skjøttgaard a aussi créé des natures mortes en volume, où un mouvement de tourbillon jouxte une formation de nuage démesurément large reposant sur de fines tiges. L’ensemble se distingue par un équilibre fragile. Le tourbillon, qui fait basculer le temps et notre environnement physique en quelques instants, est fascinant. L’artiste l’a étudié de près pour créer ses Turbulences, structures frêles qui touchent tout juste le cercle fin leur servant de base. Leurs cornets très ouverts, plus ou moins inclinés, sont prêts à poursuivre une valse centrifuge sur l’eau ou dans l’air, chargeant ces sculptures d’une puissance contenue.

Une aire pas de tout repos !

A défaut de répit absolu, l’Aire de repos de Bente Skjøttgaard offre une opportunité de réfléchir à des éléments fondamentaux de notre existence en tant que civilisation et tributaire d’une nature qui nous dépasse. Ici la banalité s’estompe pour qui a la capacité et l’envie de « voir ». La céramique, matière de la nature et véhicule de culture par excellence, devient un médium ludique et perspicace pour « montrer » ce qui est tellement omniprésent que nous l’oublions.

Bente Skjøttgaard est née au Danemark en 1961. L’artiste expose régulièrement en Europe, aux Etats-Unis ainsi qu’en Corée du Sud. En 2009 et en 2011, elle a également exposé à la Biennale de Châteauroux et en 2010 à la Biennale de Vallauris — section sculpture. En 2012 à Copenhague, l’artiste a créé la plateforme d’exposition « Copenhagen Ceramics » en collaboration avec les plasticiens-céramistes Martin Bodilsen Kaldahl et Steen Ipsen.

La Galerie Maria Lund a présenté quatre expositions (2004, 2006, 2008 et 2010) de Bente Skjøttgaard qui ont reçu un excellent accueil — du public, de la presse et des institutions. Ses sculptures ont rejoint le Fond national d’art contemporain, Paris et le V&A, Londres, le Musée National de la Céramique, Sèvres, les Musées de Châteauroux et nombre de collections publiques du nord de l’Europe.

Maria Lund et Marion Bahy-Baril
  • Vernissage Samedi 21 septembre 2013 17:00 → 20:00
Galerie Maria Lund Galerie
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48, rue de Turenne

75003 Paris

T. 01 42 76 00 33 — F. 01 42 76 00 10

www.marialund.com

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Horaires

Du mardi au samedi de midi à 19h
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