Bisou Magique — Curated by Yundler Brondino Verlag
Exposition
Bisou Magique
Curated by Yundler Brondino Verlag
Passé : 19 mai → 25 juin 2016
« Ah ! Ces Grecs comme ils savaient vivre. Cela demande la résolution de rester bravement à la surface, de s’en tenir à la draperie, à l’épiderme, d’adorer l’apparence et de croire à la forme, aux sons, aux mots, à tout l’Olympe de l’apparence. Les Grecs étaient superficiels… par profondeur. »
Friedrich Nietzsche
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À l’instant précis où la mère dépose un baiser sur la blessure, l’égratignure, la petite bosse, l’on se sent déjà mieux, l’on est guéri. Scientifiquement parlant, il ne s’est pourtant rien passé, logiquement, il ne se passe rien. Et pourtant, l’on se souvient encore de l’émotion d’un « bisou magique » lorsque l’on est déjà grand, et même vieux.
C’est Aurore qui utilisa ce terme pour la première fois devant moi. Evidemment, j’avais déjà entendu quelque chose de semblable en hébreu lorsque j’étais petit, et aussi en anglais, mais la version française me semblait exprimer parfaitement cette magie ! Immédiatement, le son de ces deux mots, leur résonance phonétique, devint addictive et hypnotique. Et plus nous réfléchissions à ces mots, plus ils prenaient un sens profond.
Au départ, cette exposition devait s’intéresser à ce moment précis où une mère dépose un baiser sur la blessure de son enfant, un gros plan ; mais Paris n’aurait-elle pas besoin d’un « bisou magique » en ce moment ? Est-ce que l’Europe n’aurait pas besoin elle aussi d’un « bisou magique » ? Un événement à la fois culturel et émotionnel qui (même de façon superficielle) rassurerait les gens en leur disant que tout ira bien. Cette exposition ne changera rien. Elle aura lieu dans une petite rue du haut Marais, dans une petite galerie propre et jolie, dirigée avec intégrité.
L’exposition présentera des œuvres d’artistes de trois générations différentes, à la fois d’Europe et des États-Unis. Chacune de ces œuvres est faite à la main, avec des techniques plus ou moins traditionnelles. « Trees and Stripes » de Torbjørn Rødland est une image douce et poétique, presque prise en secret d’un jeune homme assis sous un arbre. L’œuvre de Stanley Whitney est une humble peinture de 2010 d’un peu moins d’un mètre carré, intitulée Sans-titre. Le tableau de Luc Fuller représente un carré dans un rectangle, des formes grises, comme existant nulle part. Son travail rappelle les grands maîtres du 20ème siècle comme Morandi et Guston, une profondeur calme et sombre en échappe. Strauss Bourque-LaFrance y ajoute son œuvre murale composée d’acrylique et de cire d’abeille sur du bois de tilleul, tirée de sa série d’objets des Etats-Unis, des pièces en bois qui peuvent refléter le visage d’une femme. Le travail de Nathalie du Pasquier est aussi un carré d’un mètre sur un mètre, également « abstraite », mais la relation et l’influence de son travail sur les générations plus jeunes se voit de manière évidente dans le travail de Fuller, de Bourque-LaFrance et bien sûr dans le mien. Ce sont encore des formes dans l’espace, qui semblent exister nulle part. De mon côté, j’ai décidé d’y montrer une sculpture que j’ai réalisée en réponse à mes déambulations sur la place de la République avec Aurore il y a environ six mois. Plus une peinture en trois dimensions qu’une sculpture, elle représente simplement un parasol de café environnant la place de la République, la place qui se trouve derrière la galerie, la place des manifestations et des rassemblements suite aux attaques de janvier et novembre 2015.
Nous espérons que cette petite exposition résistera à l’immédiateté et célébrera une présence qui perdurera dans le futur, ou comme le disait Nietzsche plus haut, qui s’arrête à l’épiderme et célèbre une superficialité si touchante qu’elle en devient profonde.
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Vernissage Jeudi 19 mai 2016 18:00 → 21:00
Horaires
Du mardi au samedi de 14h à 19h
Et sur rendez-vous
Les artistes
- Guy Yanai
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Torbjørn RØdland
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Nathalie Du Pasquier
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Strauss Bourque–LaFrance
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Luc Fuller
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Stanley Whitney