Blabla et Chichi sur un bateau
Exposition
Blabla et Chichi sur un bateau
Passé : 14 janvier → 22 février 2012
On pénètre dans un environnement protégé — surprotégé même — par quelque esprit maniaque, qui a tapissé sol et murs de space blankets dorées. Des couvertures spatiales développées par la NASA pour préserver les cosmonautes du froid, de la chaleur et de l’humidité. Ces feuilles de plastique métallisée servent aussi de couvertures de survie qui régulent la température corporelle des grands blessés ou des sportifs de l’extrême. Il suffit de lever les yeux pour prendre la mesure du danger dont elles sont le présage. La lumière de trois spots de cinéma d’une puissance respective de 4000 watts traverse le toit en verrière et inonde l’espace de la galerie. Trois sources lumineuses crues à la fois indispensables à la vision et terriblement éblouissantes.
Plutôt que d’atténuer le rayonnement, les couvertures le réfléchissent comme des prismes, occasionnant une perte de repères au visiteur.
Les artistes Christophe Hamaide-Pierson et Xavier Mazzarol et ont créé ce dispositif pervers, où le précieux, l’attirant, le protecteur et le vital se muent en piège pour les sens. Scénographie et œuvre à part entière de l’exposition Blabla et Chichi sont sur un bateau dont ils sont les commissaires à la galerie Hussenot, cette installation subvertit de manière hyperbolique les codes de l’exposition d’art ; le cube blanc devient un écrin doré, l’éclairage des œuvres une superproduction.
Accueillant le spectateur dans cet environnement bigger than life, une colonne de pièces de vingt centimes d’Agathe Fleury barre le haut du corridor d’accès à la pièce principale. Sa station horizontale plutôt que verticale annonce le flottement qui suit : une série d’œuvres qui apparaissent en lévitation sur des socles de hauteurs diverses, des valeurs renversées ou de guingois. Ainsi, ce tirage photographique d’une silhouette lointaine, seule dans une immensité inondée. Une image de l’artiste Alfredo Piola, dont l’apparente sérénité est contredite par son titre Le Naufrage. La présentation de l’œuvre à plat sur un socle la dérobe au regard. Pour l’apercevoir, il faut accéder à la mezzanine de la galerie, sorte de belvédère d’où l’exposition s’offre tel un panorama.
Comme le protagoniste de l’image de Piola, l’humanité, ou la civilisation étrangère célébrée par ces ors, semble s’être égarée dans une parenthèse spatio-temporelle. On n’en perçoit que les attributs et les appendices ornementaux ou utilitaires comme ce pistolet à pisse en céramique de Julien Bouillon.
L’exposition présente une série d’objets en mutation, mais arrêtés ou minéralisés par le geste artistique dans un état intermédiaire ou embryonnaire, à l’exemple de la maquette d’une commande pour l’espace public de Franz West plongée dans un parallélépipède en plexiglas rempli de résine. D’autres objets semblent encore chauds et pulsants. Ainsi de la cornemuse au sac en peau de cochon de Philip Wiegard ou du rocher lumineux de Mike Kelley, réflexion ironique sur la kryptonite d’un super-héros cloué sur son fauteuil roulant. A travers ce dialogue de la forme et de l’informe, de l’humain et du mutant, du séducteur et de l’hostile, se dessine l’image d’une société prométhéenne qui pousse la logique productiviste jusqu’à doper des plantes d’ornement aux protéines (assume vivid astro focus) et le réflexe sécuritaire jusqu’à abriter des œufs dans un bunker (François Curlet).
Curated by Christophe Hamaide Pierson & Xavier Mazzarol
Les artistes
- Tadashi Kawamata
- Wang Du
-
Daphné Navarre
-
Mike Kelley
-
Franz West
-
Claire Fontaine
-
Johan Creten
-
François Curlet
-
Stéphane Vigny
-
Avaf