Body Language

Exhibition

Drawing, photography, sculpture, video

Body Language

Past: July 2 → August 28, 2020

*Body Language propose d’analyser les liens qui unissent les représentations du corps réalisées par de jeunes artistes que la galerie représente aujourd’hui, à quelques œuvres qui en constituent le fonds historique ; ou comment des artistes, tous engagés dans les combats sociétaux de leur époque, ont mis en scène au cours des cinquante dernières années, des corps ou des fragments de corps nus, solitaires, immobiles et beaux — souvent les leurs — et ont joué le jeu ambigu du voyeurisme pour transmettre un message militant. *

Des onze artistes qui composent Body Language, Robert Mapplethorpe est le premier qui soit entré dans la collection de la galerie. J’avais fait la connaissance de son travail en 1979, à l’occasion d’une de ses premières expositions en Europe, à la galerie Jurka d’Amsterdam.

Son Autoportrait au fouet — dont un tirage était exposé — concentre toutes les provocations. L’artiste s’y représente avec un fouet fiché dans l’anus, et regarde le spectateur dans les yeux. Cette double frontalité immobile, sexuelle et du regard, a dû être lue à l’époque comme l’incarnation de la dépravation et de l’insolence. Le fouet évoquant évidemment une queue, l’artiste généralement glabre, mais qui arbore ici un bouc, incarne l’imagerie classique du diable et rajoute ainsi une critique de l’obscurantisme religieux à la revendication de sa liberté à exercer ouvertement sa propre sexualité.

Alors que la plupart des autres artistes qui cohabitent ici jouent également sur l’ambiguïté —  une combinaison d’attraction charnelle (ou esthétique) et de rejet moral (ou physique) — Robert Mapplethorpe apparaît comme la pierre angulaire de cet exercice d’ambiguïté militante, et en devient dès lors une référence incontournable ; ses images crues, dans lesquelles il se met parfois lui-même en scène, instrumentalisent la beauté des corps : elles sont impudiques et tout à la fois le résultat d’une lumière sophistiquée et d’une composition parfaite de l’image — fruits d’une impeccable culture classique. Elles annoncent par là-même le David de Miguel Angel Rojas. C’est à la fin des années 1970 que Mapplethorpe a créé les plus emblématiques et provocantes de ses icônes du militantisme homosexuel triomphant, mais son œuvre plus tardif trahira cet intérêt pour la sculpture antique, celle qui a établi des canons de beauté de la Renaissance et qui sont encore en vigueur aujourd’hui. Plus violemment sexuelles sont ses images de bondage, et notamment celles de fragments de corps ligotés — qui annoncent Gwendoline Perrigueux –, cloués et martyrisés. Le corps détaillé, fragmentaire, qui revêt de nos jours automatiquement une connotation archéologique, une odeur surannée de romantisme néo-classique, remis à l’honneur par Mapplethorpe trouve également parmi les artistes contemporains, de nombreux adeptes-démambreurs, notamment Christine Crozat, Isabelle Plat et Vincent Voillat.

La perfection plastique irréprochable des photographies de Robert Mapplethorpe a indéniablement contribué à leur acceptation et par là-même à la reconnaissance de la cause homosexuelle, tout autant qu’elle permit à toute une génération de jeunes gays, de s’accepter comme tels.

  • Opening Thursday, July 2, 2020 4 PM → 9 PM
  • Performance de Vincent Voillat — Body Language Performance Sunday, July 5, 2020 2 PM → 5 PM
06 St Germain Zoom in 06 St Germain Zoom out

45, rue Jacob

75006 Paris

T. 01 42 96 26 11

ericmouchet.com

Mabillon
Saint-Germain-des-Prés

Opening hours

Every day except Sunday, 11 AM – 1 PM / 2 PM – 7 PM
Other times by appointment et sur RDV

The artists

  • Pierre Gaignard
  • Orlan
  • Christine Crozat
  • Robert Mapplethorpe
  • Miguel Angel Rojas
  • Gwendoline Perrigueux
  • Isabelle Plat
  • Louis Cyprien Rials
  • Vincent Voillat
  • Hudinilson Jr.