Brassaï & Dubuffet
Exposition
Brassaï & Dubuffet
Passé : 2 avril → 21 mai 2011
La Galerie Karsten Greve, avec le soutien de la Fondation Dubuffet, a le plaisir de rendre hommage aux artistes Brassaï et Jean Dubuffet dans le cadre d‘une exposition qui rendra visible pour la première fois une réflexion autour d‘un thème qui les rapproche d‘une manière étonnante‚ « Graffiti ». Brassaï et Dubuffet abordent la ville comme une grande cave préhistorique, spectateurs d’une société sauvage et anarchique, dénuée de toute forme d’esthétisme.
Muni de sa caméra, Brassaï capture les traces banales des habitants dans les rues de Paris dès 1930, découvrant ainsi une expression occultée et insoupçonnée bien qu’omniprésente. Dubuffet, quant à lui, incorpore la matérialité et la texture de la vie quotidienne dans ses œuvres sur toile, sur papier et par la lithographie. Selon lui, cette matérialité ne révèle pas de différences entre les êtres humains et leur cadre de vie urbain ; des créatures humaines de préférence devant des murs, ne s’inscrivant pas dans l’espace, figées à la verticale « comme des affiches, ni plus vivant[e]s ni moins que les graffiti auxquels il en va d’un rien qu’ils ne se confondent ».1
Partant à la recherche de la vie vraie et imminente mais au travers de prises de photos spontanées et citadines — les plus connues étant ses vues de nuit — Brassaï (1899 — 1984) est fasciné par le phénomène du graffiti, qui reflète un besoin irrésistible et existentiel de graver sa présence dans la matière, immortalisant ainsi l’âme inconsciente née des blessures et espoirs. Dans les figures, les animaux et les visages réduits, déformés et violemment craqués, ridés et fissurés, Brassaï découvre une magie effrayante de cette forme d‘expression primitive, mettant en question le rôle de l’homme, de la nature, de la mort et de l’amour, tout en attirant le regard, la rencontre avec l’inconnu.
Offrant une autre perspective à la définition de « Graffiti », l’exposition fera également une large place à une série lithographique de Jean Dubuffet (1901-1985) inspirée des poèmes « Les murs » de Eugène Guillevic; il s’y adonne à partir de janvier 1945. Dubuffet cherche souvent à créer un dialogue entre ses œuvres et la littérature. Le mur, un élément déjà présent dans son travail, prend non seulement de l’importance au niveau figuratif et textuel, mais se manifeste aussi techniquement sous forme de gravures directes dans une solide pierre lithographique devenant mur. Gratté, rayé, balafré, « le mur [lui] apparaît comme un livre, un ample livre, sur lequel on peut écrire, et lire.2
Deux artistes majeurs de l’après-guerre sont donc mis en avant : Brassaï, membre moins connu, mais du reste important, du courant Surréaliste ; et Dubuffet, initiateur de l’Art Brut.
1 Noël Arnaud, in Jean Dubuffet Grafik, Silkeborg Kunstmuseum, 1961
2 Jean Dubuffet, lettre à A. Pieyre de Mandiargues (18 octobre 1957), in Prospectus et tous écrits suivants, T.1, note 12, p.470, Paris, Gallimard, 1967 (1986).
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