Brian Hubble — Monogram
Exposition
Brian Hubble
Monogram
Passé : 19 septembre → 14 novembre 2015
Brian Hubble évolue dans un monde fluide d’arrivées et de départs. Bien qu’il soit de la même famille qu’Edwin Hubble, l’astronome et le cosmologue, Hubble a pris ses distances avec les sciences, ainsi qu’avec l’objectivité. Il croit aux complots, ou peut-être, veut-il simplement nous entraîner dans un monde du non-savoir et de l’hystérie. Il bouleverse l’équilibre fragile de l’art avec signes, symboles et langage. Souvent, son travail croise les propriétés mimétiques des matériaux des œuvre d’art et des objets de la vie réelle. Son langage est ni subordonné au discours de l’art, ni dépendant de la suspension de l’incrédulité. Une dose de suspicion et de méfiance font partie intégrante de l’engagement entre ses idées et motifs. Nous sommes pris en otage — sous la pression, nous construisons par inadvertance de faux récits pour ses personnages douteux.
Selon la légende, lors de sa visite dans un pensionnat Anglais, Albert Einstein entra par accident dans le vestiaire des garçons. Il observa les vêtements de football nauséabonds qui se balançaient en silence sur les crochets et dit : « Maintenant, je comprends : les esprits des défunts passent dans les pantalons des vivants1 ». Auparavant, Duchamp avait proposé l’idée de l’« infra-mince » — comprise comme la chaleur laissée par quelqu’un sur un siège, l’espace entre le matériel et l’immatériel, ou tout simplement le sentiment de la présence et de l’absence. La déclaration d’Einstein enchante, car il suggère un monde de pensées, d’esprits en mouvement, au-delà de l’expérience phénoménologique immédiate. Il créé une allée sombre dans laquelle nous pouvons rôder.
Hubble et moi adorons les incroyables espaces non réglementées de New York, ainsi que leurs histoires alambiquées — nous pouvons marcher dans la rue et utiliser un grand nombre de trouvailles industrielles et artisanales dans l’intrigue de la création artistique. Contrairement à l’Internet ou les zones industriels d’autres villes, New York est une économie médiévale. Nous négocions et traitons les affaires dans la rue; quelqu’un gagne et tout le monde rentre à la maison à la fin de la journée. Hubble a quelques chariots, et bien sûr son Pickup Chevy S10 bleu, bien usé, pour emporter ses trouvailles.
En regardant la disposition formelle de l’œuvre de Hubble, je vois des subterfuges et pratiques douteuses. Il n’y a pas de design trop travaillé, mais un arrangement soigneusement codé. Le Dadaïsme et le Collage étaient les premiers tremplins vers le monde de l’art et du langage. Mais quel est l’équivalent aujourd’hui ? Certains diront que c’est par le biais des effets de distorsion et de refocalisation des lentilles du cinéma et de la vidéo, mais peut-être que c’est en gagnant notre autonomie sur les mots, la fondation structurelle et métaphysique qui a été accaparée par le Capital et sa progéniture dilettante, l’éducation artistique. Le travail de Hubble est une désescalade de « l’art absolu » . Chaque étape n’est pas nécessairement la conséquence inévitable de l’étape précédente. C’est une proposition de réévaluation du mécanisme de la confiance qui existe entre nous, et même ce qui se présente devant nous.
— James Powers, 2015
Traduit par Estelle Eonnet
1 Freeman Dyson, New York Review of Books, (2015)
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Brian Hubble est né en 1978 à Newport News, Virginia, il vit et travaille à Brooklyn, New York.
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Vernissage Samedi 19 septembre 2015 16:00 → 21:00
Horaires
Les vendredis et samedis de 15h à 19h
Et sur rendez-vous
Tarifs
Accès libre