Broken Idols — Exposition collective

Exposition

Performance, photographie, sculpture, vidéo

Broken Idols
Exposition collective

Passé : 6 juin → 20 juillet 2019

J’épouse la culture blanche, la beauté blanche, la blancheur blanche. Dans ces seins blancs que mes mains ubiquitaires caressent, c’est la civilisation et la dignité blanche que je fais miennes.

Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, 1952.

Il y a quelques jours, nous avons été subjugué par l’image de Notre-Dame en flammes. La scène était d’une beauté à couper le souffle : sublime et désolante à la fois. Voir la chute de cette flèche c’était comme voir la civilisation européenne dévorée par le feu ; la fin d’une époque et la naissance d’un nouveau cycle. Comme disait une vieille amie qui a vécu la guerre : « Notre-Dame et notre culture doivent changer… si elles n’avaient pas brûler d’elles mêmes, nous aurions dû les brûler ». Comment cet étrange phénomène à t’il pu provoquer dans le monde une douleur sombre telle la perte d’un membre ? Face à cette image, pourquoi voir cette flèche tomber serait-il plus dramatique que la perte d’un Shabono en Amazonie ou de la Grande Mosquée d’Alep ?

En réalité, la beauté n’a pas de nationalité et chacun vit le vide de son espace culturel comme un processus intime entre le symbole universel de la mémoire et la construction de l’être.

Donner ou ne pas donner la priorité à la civilisation européenne n’est pas la question. Ce qui nous intéresse est ailleurs : notre relation aux icônes. Paul B. Preciado propose « de faire de ces ruines un monument punk, le dernier d’un monde qui se termine et le premier d’un autre monde qui commence », mais il existe une véritable blessure culturelle qui habite l’esprit de millions de personnes qui n’ont rien à voir avec l’Europe et qui ont vu leurs idoles se briser un après-midi de printemps.

Évoquant cet esprit de réappropriation des symboles de l’autre, l’exposition Broken idols reprend le titre d’un roman de Manuel Díaz Rodríguez. Le personnage principal de ce roman Alberto Soria installé à Paris est contraint de rentrer vivre dans la Caraïbe ; mécontent, insatisfait et désabusé. Ses idéaux s’affaiblissent peu à peu dans un monde décevant et une société qui ne comprend pas sa passion pour l’Europe. Ici, l’intention n’est pas de faire l’apologie de la destruction des icônes, mais de réfléchir à cet espace culturel passionnant créé en déconstruisant la pureté de l’icône eurocentrique en la mêlant à l’histoire personnelle de chacun, en la mélangeant à la construction de l’identité de tous.

L’exposition rassemble des artistes qui, dans un esprit iconoclaste, travaillent la déconstruction et proposent un espace culturel hybride. La perte d’un idéal, qui révèle de multiples couches dénonce une romance entre le centre et la périphérie, illustrant la pensée de Franz Fanon « peau noire et masques blancs ».

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Carlos Martiel, Carlos Martiel, Expulsion, 2015 Capture de performance Courtesy of the artist

Les pièces sélectionnées sont de petites bombes à retardement, qui tentent de déchiffrer le symbolisme du monument. Expériences dans lesquelles des icônes de la culture dominante sont utilisées à partir de la périphérie ou inversement, en tant que passeport de mobilité sociale. Neuf œuvres combinant nativisme et internationalisme, où se mêlent un mélange inquiétant d’exotisme, de nostalgie et de déracinement sont données à voir. L’exposition aura pour toile de fond une tapisserie « tropicale », revisitant les décorations françaises du 19e siècle. Créé par Pepe Lopez, dans l’esprit de l’exposition universelle elle évoque l’exotisme français riche, orné de singes et de palmiers qui cachent l’image de dangereuses favelas de Caracas. Un buste néo-classique, sur pilotis, évoque l’idée de la crise actuelle en Europe et la performance de Carlos Martiel nous confronte à l’image puissante de son corps noir alors qu’il déchire, à même sa peau, des étoiles dorées, symbole de la communauté européenne.

Emmanuel Rivière, lui, transforme le vide intérieur d’un masque rituel africain en un volume blanc et immaculé. Nadin Ospina, présente l’un de ses objets archéologiques les plus connus, un Mickey réalisé à l’aide de techniques ancestrales pour modéliser les dieux pré-hispaniques, et Nelson Pernisco sauvegarde des images de rebellions où les monuments sont détruits par la communauté. Comme les traces de peinture dans un vieil immeuble, chaque œuvre est un voyage et une immersion dans les jeux paradoxaux qui composent nos icônes, une invitation à tourner la page, à regarder nos bunkers brûler et laisser le miel couler sur nos blessures.

Rolando J. Carmona
  • Vernissage Jeudi 6 juin 2019 18:00 → 21:00

    L’exposition rassemble des artistes qui, dans un esprit iconoclaste, travaillent la déconstruction et proposent un espace culturel hybride. La perte d’un idéal, qui révèle de multiples couches dénonce une romance entre le centre et la périphérie, illustrant la pensée de Franz Fanon «  peau noire et masques blancs ».
    Les pièces sélectionnées sont de petites bombes à retardement, qui tentent de déchiffrer le symbolisme du monument. Expériences dans lesquelles des icônes de la culture dominante sont utilisées à partir de la périphérie ou inversement, en tant que passeport de mobilité sociale. Neuf œuvres combinant nativisme et internationalisme, où se mêlent un mélange inquiétant d’exotisme, de nostalgie et de déracinement sont données à voir.

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KOMUNUMA
29 rue de la commune de Paris

93230 Romainville

T. 06 14 80 42 00

www.maellegalerie.com

Bobigny – Pantin – Raymond Queneau

Horaires

de 14h à 19h
Et sur rendez-vous La galerie est temporairement fermée jusqu’en septembre.

Abo original

Les artistes

  • Kenny Dunkan
  • Pepe Lopez
  • Paul Souviron
  • Nelson Pernisco
  • Emmanuel Rivière
  • Nayari Castillo
  • Radamès ‘Juni’ Figueroa
  • Carlos Martiel
  • Nadín Ospina
  • Oscar Abraham Pabon