Cabinet Da-End 03 — Nouvel Accrochage
Exposition
Cabinet Da-End 03
Nouvel Accrochage
Passé : 22 juin → 20 juillet 2013
Da-End fête ses trois ans avec un nouvel accrochage et de nouveaux artistes.
Blanche Berthelier, Céline Guichard et Davor Vrankic rejoignent le Cabinet Da-End 03!
La galerie Da-End invite cette année près de quarante artistes à élaborer son troisième cabinet de curiosités contemporain sur le thème des fleurs. Écloses dans ce lieu à part, celles-ci semblent sonder notre faculté à repenser l’Homme et surtout à explorer ses zones d’ombre, à « extraire la beauté du mal ». Des fleurs par milliers donc, mais celles-ci n’appellent pas toujours le printemps.
L’homme, en chaque chose, se projette et la fleur devient un moyen d’exprimer ses troubles. Sur les murs de cette galerie-demeure, accrochés en nuage, des dessins, des toiles, mais aussi des collages, des boîtes entomologiques, et autant d’incarnations végétales que d’histoires. Une vanité animée montre un bouquet de campanules qui dépérit et se régénère dans un mouvement infini. Ailleurs, une myriade de fleurs colorées couvre le corps décharné d’un être aux yeux exorbités, tandis qu’un crâne paré d’un vert feuillage nous rappelle la destinée qui incombe au vivant. Ce sont eux les memento mori contemporains. Il y a aussi les portraits de fleurs, par des photographes japonais, célèbres et moins connus pour cet exercice de la nature morte. Il y a la photo d’une rose parvenue au temps éphémère de sa beauté parfaite ou la photo trouble d’une anémone mystérieusement mise en lumière. Ou encore, celle d’une fleur, la « Reine de nuit », faite d’ossements qui sitôt réalisée et gardée en mémoire retourne à la terre. Cette dernière, œuvre complexe, ne fait pas seulement allusion à la fleur mais aborde la question universelle de la vulnérabilité du vivant dans son ensemble comme le font d’autres œuvres disséminées, que l’on découvre comme des trésors. Ici, un arbre de verre et ses bourgeons de fœtus scintillent à la lumière du soleil printanier. Plus loin une sculpture de cire se fait plus vivante que le vivant. Là, des sculptures en porcelaine ou en terre cuite qui, comme pour mieux préserver leur fragilité et leur beauté, se lovent dans les étagères du cabinet. Et au fond de ce jardin ténébreux, une serre chaude et lumineuse, comme suspendue dans les airs, regorge de fleurs en peau tannée démultipliées à l’infini. Nous sommes happés par l’étrangeté.
Cette exposition qui nous fait voyager dans les méandres de l’esprit humain, nous emmène aussi dans une traversée végétale au cœur de pays lointains. D’abord, surtout, au pays du soleil levant, où l’art de l’arrangement floral, l’ikebana, symbolise l’accord linéaire entre le ciel, la terre et les hommes. Et puis aussi ailleurs, en des temps plus anciens, vers ces contrées où des coiffes aux fleurs d’or appellent à l’amour tandis que des armes assassines parées de mille pétales appellent à la guerre. Aujourd’hui, dans cette galerie aux allures de maison abandonnée au temps, il s’agit de recréer un monde auquel Da-End clame son appartenance. Ou plutôt un entre-deux, où se croisent les hommes et les connaissances, où l’art se mêle aux techniques les plus artisanales — ou est-ce l’inverse ? Et que dire des technologies, de cette sculpture digitale en stéréolithographie, sinon qu’elles participent dans cet interspace, à l’introduction d’une nouvelle esthétique de la fleur, offrant un futur à sa représentation. Tandis que la projection-sculpture d’un pissenlit atomique nous rappelle à notre système en constante mutation. Pour un temps, dans les hautes herbes de ce Paradis Perdu, les pistes se brouillent. Au cœur de notre cabinet végétal et poétique, les fleurs invitent le visiteur à traverser des temporalités diverses et à transcender les frontières du réel, de l’imaginaire ou du virtuel. In fine, à chaque recoin de ce lieu obscur mais délicieux, nous sommes confrontés à des mondes secrets et inaccessibles, aux questionnements que suscitent les mystères de la vie et de l’univers, à autant de voyages que d’artistes aux personnalités complexes, qui dans leurs œuvres ne cachent rien de leurs démons. Avec grâce, les fleurs qu’ils ont créées se mettent à dialoguer ensemble dans le cadre classique de cette Chambre des Merveilles, qui a passionné en d’autres temps les fantaisistes et les curieux et suscite toujours, preuve en est ici, autant d’enthousiasme que d’interrogations.
Horaires
Du mardi au jeudi de 14h à 19h
Les vendredis et samedis de 11h à 19h
Les artistes
- Daido Moriyama
- Satoshi Saikusa
- Markus Åkesson
- Lucy Glendinning
- Marcella Barceló
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Marc Molk
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Miguel Chevalier
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Davor Vrankic
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Marcos Carrasquer
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Coco Fronsac