Cerith Wyn Evans — As if, seeing in the manner of listening...hearing, as if looking
Exposition
Cerith Wyn Evans
As if, seeing in the manner of listening...hearing, as if looking
Passé : 6 juin → 28 juillet 2017
Cerith Wyn Evans — Galerie Marian Goodman La galerie Marian Goodman accueille jusqu'au 28 juillet l'immense artiste gallois Cerith Wyn Evans qui développe depuis plus de tre... Critique‘As if perhaps the works are ‘formed’ out of ‘sight’ and ‘without’ mind, somehow? Or perhaps best to invoke the ‘Sonic Aspect’ of the works: Chandeliers are ‘driven’ by signals generated by my piano playing (duet)… The ‘Glass Speaker’ assemblage reflects a fractured text and provides ’accompaniment’… The flutes function as some Orphic Automaton.’
Cerith Wyn Evans, 2017
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Marian Goodman présente la première exposition de Cerith Wyn Evans dans sa galerie parisienne. L’artiste dévoile un ensemble de nouvelles sculptures lumineuses et sonores, déployées au sein d’un parcours savamment chorégraphié. Comme son titre l’indique, l’exposition joue avec le visible et l’invisible, le matériel et l’immatériel, les sens et les perceptions du visiteur. En orchestrant simultanément luminosité et vibrations sonores, elle propose aux visiteurs une expérience proche de la synesthésie (phénomène neurologique par lequel certaines personnes associent de manière systématique deux ou plusieurs sens, celles-ci pourront par exemple percevoir une couleur à l’écoute d’un son ou à la vue d’une une lettre de l’alphabet). «As if, seeing in the manner of listening…hearing, as if looking » est aussi, à l’image de l’œuvre de Wyn Evans, « un rendezvous de points d’interrogation » selon la formule de la critique Molly Nesbit.
Au rez-de-chaussée de la galerie, suspendus à la verrière, dialoguent en lumière et en musique deux majestueux lustres de plus de deux mètres de haut. Réalisés en verre soufflé de Murano, les luminaires sont des répliques de modèles de style oriental. Leur illumination respective est déclenchée par un système de programmation qui suit le rythme de deux compositions musicales composées et interprétées au piano par Cerith Wyn Evans. Les deux sculptures, bien que dotées de programmes distincts, semblent se répondre comme si elles tenaient une conversation et ne se synchronisent que trois heures chaque jour.
Le lustre, quel que soit sa forme ou son esthétique, occupe une place privilégiée dans la pratique de Wyn Evans. Il symbolise un vecteur de transmission et de communication. S’il « parle », son langage est cryptique puisque le message est le plus souvent délivré en code morse. Elevé dans la langue galloise, Cerith Wyn Evans n’a de cesse de proposer dans sa pratique artistique des traductions : ici une musique est transcrite en fréquence lumineuse, ailleurs c’est une citation, un son ou bien des mouvements de théâtre Nô qui sont transposés en lumière.
Une grande installation immersive composée de quinze panneaux de verre transparent suspendus se déploie dans l’espace du niveau inférieur tandis qu’une phrase en néon, telle une frise, court le long des murs. Une bande sonore composée par l’artiste est diffusée par de petites enceintes intégrées aux panneaux. Une impression de vertige saisit le visiteur alors que des segments de phrases lumineux réfléchis par les vitres semblent se démultiplier à l’infini. Le texte, librement inspiré de Michel Foucault,1 est rendu quasi illisible :
‘The Illuminating Gas […] systematically imposes a formless anxiety, diverging yet centrifugal, directed not toward the most withheld secrets but toward the imitation and the transmutation of the most visible forms: each word at the same time energised and drained, filled and emptied by the possibility of there being yet another meaning, this one or that one, or neither one nor the other, but a third, or none…’
Artiste érudit, Cerith Wyn Evans emprunte fréquemment des extraits d’œuvres littéraires, poétiques ou philosophiques ; la citation revêtant la fonction d’« objet trouvé ». L’artiste revendique une réappropriationde cette matière textuelle qu’il décontextualise aussi :«une évocation sous forme de « séance » d’intertextualité ». Au sein d’un réseau labyrinthique de références et de réflexions, le visiteur est confronté à une pluralité d’interprétations.
Dans la salle voûtée de la galerie, de longs tubes en verre transparent semblables à des flûtes composent une sculpture aérienne et flottante. Dotée d’un système de programmation, cet « instrument » d’un nouveau genre fonctionne de manière autonome, et son mécanisme de soufflerie insuffle une respiration à la pièce.
A la librairie Marian Goodman située 66 rue du Temple, Cerith Wyn Evans choisit de présenter pendant toute la durée de son exposition une sélection d’œuvres d’Antonin Artaud, Isa Genzken, Pierre Klossowski et Lawrence Weiner. Tous ont comme lui un rapport étroit à la littérature ou au langage.
En parallèle à son exposition à Paris, la Tate Britain à Londres présente jusqu’au 20 août Forms in Space…by Light (in Time), une grande installation spécialement réalisée pour les grandes galeries Duveen. L’œuvre, constituée de plus de deux kilomètres de néon suspendu, fait alterner lignes droites et spirales, occupant le lieu tel « un dessin dans l’espace ». Invité par Christine Macel à participer à l’exposition « Viva Arte Viva » du pavillon international de la Biennale de Venise, il montre « Pasolini Ostia Remix », un film réalisé en 1998 en hommage au réalisateur italien. Enfin, pour le Skulptur Projekte 2017 à Münster du 10 juin au 1er octobre, il dévoilera une installation lumineuse et sonore dans une église de la ville. Cerith Wyn Evans figure parmi les artistes sélectionnés pour la Biennale de Lyon en septembre prochain tandis que le Museo Tamayo à México présentera une exposition personnelle en février 2018.
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Né en 1958 à Llanelli au pays de Galles, Cerith Wyn Evans vit et travaille à Londres et à Norfolk en Angleterre. Diplômé de la Saint Martin’s School of Art et du Royal College of Art de Londres, il commence sa carrière en tant que réalisateur de courts-métrages et de films expérimentaux avant de se tourner dans les années 1990 vers une pratique plastique et conceptuelle.
De nombreuses expositions personnelles lui ont été consacrées dans des musées internationaux, tels que le Haus Konstruktiv à Zurich en 2017, le Museion Bolzano en 2015, la Serpentine Sackler Gallery à Londres en 2014, le MUSAC à Leon en 2008, l’Institute of Contemporary Arts à Londres, ou encore le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et le Museum of Fine Arts à Boston en 2004. En France, on peut citer « In Which Something Happens All Over Again For The First Time » en 2006 au Musée d’art Moderne de la Ville de Paris et précédemment en 2004 celle au Centre Georges Pompidou. Cerith Wyn Evans a également participé à la Documenta 11 en 2002 et a été le premier artiste à représenter le pays de Galles à la Biennale de Venise en 2003. Ses œuvres font partie de collections d’institutions internationales telles que le Museum of Modern Art (MoMA) de New York, la Tate Modern de Londres, le Centre Georges Pompidou, la Fondation Lou.
1 This citation is taken from an essay by Foucault on Raymond Roussel and references Marcel Duchamp’s work Étant donnés: 1° la chute d’eau, 2° le gaz d’éclairage . . . (Given: 1. The Waterfall, 2. The Illuminating Gas…)
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Vernissage Mardi 6 juin 2017 18:00 → 20:00
L’artiste
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Cerith Wyn Evans