Cet espace sans ombre — Dans le cadre des 10 ans de la résidence Chamalot, Yann Lacroix, Guillaume Valenti, Marine Wallon

Exposition

Peinture

Cet espace sans ombre
Dans le cadre des 10 ans de la résidence Chamalot, Yann Lacroix, Guillaume Valenti, Marine Wallon

Passé : 3 → 25 février 2017

“Cet espace sans ombre, blanc, propre, artificiel, est dédié à la technologie de l’esthétique.” C’est la définition du white cube que donne Brian O’Doherty. Cet espace froid, clinique et immaculé éclairé par des néons se présente au regard comme la page blanche de l’exposition. Il est le standard peu contesté de la création contemporaine. Cet espace impeccable, incolore et serein est un espace de lumière.

Le terme white cube suggère par extension un ‘light cube’, un espace sans ombre, sans opacité, sans nuit. Un espace clair, peut-être même blafard, aveuglant. Pourtant, à bien l’observer, le white cube possède ses imperceptibles nuances, ses pénombres discrètes et ses contours teintés. Il existe comme une image de lui-même, celle idéalisée d’un espace neutre et en même temps comme une réalité plurielle. Chaque white cube possède ses zones d’ombres. Littéralement. L’ombre apparaît comme une rehausse. Elle révèle la tension d’une scène.

L’exposition qui rassemble les artistes français Yann Lacroix, Guillaume Valentin et Marine Wallon propose un rapprochement entre des peintures où l’ombre est la note majeure. En théorie, l’ombre serait une silhouette sans épaisseur. Dans les peintures ici présentées, elle accompagne la compréhension du récit en offrant du sentiment à l’atmosphère, de la texture. Elle ne vise pas simplement au réalisme mais participe de l’écriture dramatique du langage pictural.

Dans son protocole de création, Marine Wallon intercepte une image dans un flux vidéo, document servant à la construction de sa peinture. Elle saisit ainsi le moment le plus juste, où les personnages de dos ou représentés en profil fuyant sont dépossédés de l’action principale. L’ombre étendue du club d’un golfeur est mêlé à la lumière estivale. Ces images semblent exister à la marge de leur propre histoire, dans un flottement. Ces songes du réel voient se mêler en même temps la dextérité et le lâché prise d’une touche picturale complexe où les passages du pinceau sont signifiés par les traces.

Pour Guillaume Valenti, les ombres apparaissent comme denses et habitées. Elles magnifient les espaces d’exposition. Galerie ou sous-sol d’un bâtiment industriel, le lieu d’exposition est un théâtre sans acteurs. Une cage sans fauves. L’inquiétante représentation de ces espaces anonymes les rend quasiment virtuels. Ils ne témoignent pas d’un moment précis de la critique, d’une exposition en particulier mais d’un espace commun à la présentation des œuvres, derrière des grilles ou des vitrines glacées.

Déambulation fortuite dans des paysages naturels, à l’horizon ponctué par des architectures ou des nuages de fumée, les peintures de Yann Lacroix provoquent la suspension du temps. L’impossibilité d’identifier un lieu particulier écarte la question du contexte social. L’atmosphère importe bien davantage. La lumière spectrale creuse l’image dans des flous et des lavis suggérant un monde fantomatique, désincarné. Ces environnements sont noyés dans un sfumato délayé et parfois ravivés par des zones blanches.

Théo-Mario Coppola

03 Le Marais Zoom in 03 Le Marais Zoom out

6 passage des Gravilliers

75003 Paris

T. 09 83 73 34 64

www.underconstructiongallery.com

Arts et Métiers
Rambuteau

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