Christian Boltanski — Faire-part
Exposition
Christian Boltanski
Faire-part
Passé : 22 octobre → 19 décembre 2015
« Je considère de plus en plus que mes œuvres sont comme une partition musicale, que je « joue » et que les expositions sont autant de réinterprétations. »
Christian Boltanski
A l’occasion du vingtième anniversaire de sa galerie parisienne, Marian Goodman a invité Christian Boltanski à présenter ses nouvelles œuvres. Christian Boltanski est l’un des artistes français vivant les plus reconnus sur la scène internationale. C’est sa première exposition personnelle à Paris depuis Monumenta en 2010.
Conçue comme une œuvre-parcours, Faire-part est une méditation sur l’effacement et le temps qui passe. Christian Boltanski y entremêle subtilement différentes temporalités en lien avec sa vie et son œuvre et déploie deux grandes installations : un labyrinthe de voiles suspendus et une œuvre contemplative constituée d’une projection vidéo et d’un parterre de fleurs. Egalement présenté le diptyque Départ-Arrivée (2015), composé d’ampoules rouges et bleues, est un clin d’œil à l’anniversaire de la galerie, l’arrivée symbolisant aussi un nouveau départ.
La traversée de la vie (2015) remploie des photographies utilisées par Boltanski dans l’une de ses premières œuvres fondatrices de 1971. Il s’agit de l’Album de la Famille D. datant d’après guerre, que l’artiste, tel un ethnologue, avait récupéré et exposé sous la forme d’un mur photographique. Dans la nouvelle présentation au rez-de-chaussée de la galerie, les clichés de cette famille comme les autres sont agrandis, imprimés sur des voiles, comme effacés par les années. Le visiteur est invité à traverser ce labyrinthe textile et à circuler au milieu de souvenirs qui ne lui appartiennent pas en propre, mais qui ne manqueront pas résonner en lui. Mémoires individuelle et collective se confondent.
L’installation Animitas (petites âmes) associe une projection vidéo à un parterre d’herbes séchées, de pétales et de fleurs qui flétriront et s’altéreront au fur et à mesure que s’écoulera le temps de l’exposition. Cette vidéo montre l’œuvre éponyme de Boltanski située dans le désert d’Atacama depuis 2014. Cette dernière, dédiée aux étoiles, a été installée dans ce paysage naturel unique où la pollution lumineuse est l’une des plus faibles du monde. Constituée de plusieurs centaines de petites clochettes japonaises, Animitas cartographie la constellation exacte du 6 septembre 1944, date de naissance de Boltanski. Balancées par le vent, les clochettes sonnent comme un doux carillon évoquant pour l’artiste « la musique des astres et la voix des âmes flottantes ».
Comme souvent dans le travail de Boltanski, les objets (photos, vêtements, clochettes, fleurs…) renvoient à des sujets absents et incitent à la méditation et au recueillement. Boltanski qui se définit parfois comme un « minimaliste sentimental » compose ici un paysage improbable et spirituel. Ces clochettes attaquées par l’érosion comme les fleurs qui se fanent symbolisent la brièveté de l’existence. Né à Paris en 1944, Christian Boltanski développe dès la fin des années 1960, une « ethnologie personnelle » marqué notamment par l’influence de Claude Lévi-Strauss et d’Harald Szeemann. De cette époque datent les œuvres Reconstitutions des choses de mon enfance ou les Vitrines de référence. Parallèlement, en s’inspirant de la muséographie, il expose des inventaires d’objets ayant appartenu à des anonymes. Entre 1978 et 1984 il réalise les séries photographiques Compositions avant d’imaginer les Monuments ou Reliquaires, œuvres où des photographies de visages d’inconnus et des boîtes de biscuits en fer blanc prennent la forme d’autels religieux, éclairés par de petites lampes ou de simples ampoules. A partir de 1988 il intègre les vêtements usagés dans son vocabulaire plastique. Depuis les années 2000 il conçoit des installations monumentales dans des lieux atypiques. Parmi ses projets en cours, le plus ambitieux est sans aucun doute celui des Archives du Cœur. L’artiste collectionne et fait enregistrer partout dans le monde des battements de cœurs, dont les enregistrements sont par la suite conservés sur la petite île de Teshima au Japon.
Depuis sa toute première exposition au cinéma Le Ranelagh en 1968, son travail a été exposé dans de très nombreux pays. Dès 1984 le Musée National d’art moderne présente sa première exposition rétrospective tandis qu’en 1988 plusieurs grands musées américains organisent une importante exposition itinérante intitulée Lessons of Darkness. En 2011, il représentait la France à la 54e Biennale de Venise. Récemment il a réalisé des projets monumentaux dans plusieurs pays d’Amérique du Sud, au Chili, au Brésil ou en Argentine. A Buenos Aires en 2013, il a exposé simultanément au Museo de la Universidad de Tres de Febrero (Muntref), à l’Hôtel des Immigrants et à l’ancienne Bibliothèque Nationale. En novembre 2015 il est invité par la Fondation Merz à Turin et début 2016 le Museo d’arte contemporaneo (MARCO) de Monterrey au Mexique lui consacrera une exposition rétrospective. Christian Boltanski a été distingué en recevant plusieurs prix dont le Praemium Imperiale Award (2007) ou le Kaiser Ring (2001).
Christian Boltanski et la Galerie dédient cette exposition à Chantal Akerman.
La Galerie remercie particulièrement le fleuriste Eric Chauvin pour sa généreuse participation à l’exposition.