Comme un blanc

Exposition

Dessin, peinture

Comme un blanc

Passé : 7 avril → 28 mai 2016

Comme d’autres artistes avant lui, Niklaus Manuel Güdel tend à réduire sa palette à une couleur dominante pour donner un nouvel essor à sa pratique artistique.Si la palette s’est réduite, elle ne s’est pas pour autant affadie. Bien au contraire, une rencontre entre le trait dessiné et le trait peint, autrement dit entre le figuratif et une abstraction expressive, ouvre un dialogue en aller et retour entre la surface et la profondeur de la toile. S’impose alors le geste, volubile, émérite, qui part du dessin, le cerne au pinceau jusqu’à l’englober, le fait rayonner dans la profusion d’une matière sans pesanteur. Et chaque centimètre carré de la toile finit par être habité par cette couche opaque, forme invisible vibrante, qui apparaît au premier plan.

Dans l’atelier, la toile est travaillée, au gré des compositions intermédiaires, à l’endroit ou tête-bêche, ce qui permet à son démiurge d’ôter dans la version finale toute indication précise de repères, de semer un doute certain, d’ouvrir le scénario à l’inconnu. Comme la buée qui apparaît quand on souffle sur une vitre, comme le dessin qu’on peut réaliser spontanément avec le doigt dans cette condensation. Cette couche de blanc évoque la vapeur chaude qui sortirait des poumons. Car il y a là la traduction, en quelque sorte, du souffle d’une vie qui serait brutalement cristallisé sur la toile, comme entré en contact avec l’air glacé. Métaphoriquement, un voile a dissimulé ce que la mémoire a occulté. Ce voile se traduit par la couleur blanche ou bleue, car le blanc n’est pas à comprendre comme la couleur uniquement, mais comme le blanc « de la mémoire ». Il est ainsi question d’oubli au sein duquel subsistent quelques visages de vapeur et d’écume, des attitudes, des mouvements, des expressions…

La série Comme un blanc bouscule des fantômes. Un peu comme quand l’artiste grec Nakis Panayotidis fait de la vraie vapeur un matériau de certaines de ses installations pour troubler la perception. Comme lui, Niklaus Manuel Güdel, avec des matériaux autrement plus conventionnels, diffuse la vapeur qui sert à envelopper d’un brouillard les êtres représentés, les révélant et les soustrayant dans le même temps au regard, reconstructions narratives, à la fois proches et distanciées, pour évoquer ce qui n’est plus ou pas encore visible.

Karine Tissot — Historienne de l’art et directrice du Centre d’art contemporain d’Yverdon-les-Bains

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