Corinne Laroche — Mes heures cadmium et lumineuses n’ont rien à craindre des noirs profonds de la nuit

Exposition

Dessin, techniques mixtes

Corinne Laroche
Mes heures cadmium et lumineuses n’ont rien à craindre des noirs profonds de la nuit

Passé : 30 mai → 11 juillet 2015

Depuis 2007, Corinne Laroche développe un dessin dont une grille fournit la structure de base, le point de repère et l’horizon. Maintenue plus ou moins visible en surface, mais non moins présente, cette grille permet le déploiement intensif et expansif d’un geste simple, de l’ordre du griffonnage. Ce protocole une fois posé élude les questions de choix compositionnel et de techniques pour favoriser l’approche intuitive, tout comme l’improvisation musicale repose sur une partition invisible.

Parlant de partition, c’est l’art de la fugue de Bach qui donne son titre à la série de dessins formant le cœur de cette exposition, Rectus-Inversus. “Cette musique relève d’une rythmique imperturbable, parfaitement contrôlée qui provoque une mise en concentration mentale incroyable, sa composition est un jeu d’écritures mélodiques superposant endroit et envers, forme et contreforme”. Réalisé en 2010 et formé de quatre diptyques, Rectus-Inversus, est conçu à partir des pixels d’une image numérique formant un schéma de départ. Chaque schéma génère deux dessins binômes, l’un étant le négatif de l’autre. Présenté la même année à Berlin (2010), Rectus-Inversus a ensuite fourni la matrice d’un nouvel ensemble de dessins intitulé Extension I. Ces trois moments de développement de l’œuvre, de la création d’un schéma à la réalisation d’un premier ensemble de dessin et à sa reprise, forment le segment de ce que l’on peut considérer comme un seul et même dessin, ou dessein : lier entre eux des instants, des espaces, faire apparaître après coup leur appartenance à un flux vital de création faisant progressivement advenir une “géographie personnelle”.

Les “heures cadmium et lumineuses” dont il est question dans le titre adressent d’ailleurs un écho à une série de dessins réalisée depuis 2007 au crayon sur un papier pré-quadrillé, Mes Très Riches Heures, des pages d’écriture d’une grande sobriété graphique que l’artiste assimile aux exercices d’un écolier faisant ses pages de lettres. Il y a quelque chose du moine copiste dans l’exercice méditatif de reprise qui sous-tend tout le travail de Corinne Laroche, et caractéristique du travail minutieux d’enluminure auquel le titre fait bien sûr référence.

Dans la tradition religieuse de l’icône qui intéresse particulièrement l’artiste, la copie d’une même figure n’est pas vécue comme une restriction, mais comme la possibilité de chasser l’anecdote liée aux choix de sa stylisation pour se concentrer sur la somme d’instants nécessaires à son apparition. Il en est de même chez Corinne Laroche, dans la dissociation qu’elle établi entre le temps de réalisation indéterminé de l’ouvrage et la possible émanation d’une figure. Par “figure”, Corinne Laroche entend “tout ce qui peut faire l’objet d’une évocation de forme connue chez le regardeur”. Si l’œuvre n’est pas figurative à proprement parler, il n’en demeure pas moins qu’elle peut évoquer par son mouvement d’expansion une forme de territoire géographique, un paysage ou la formation cellulaire d’un corps. Chez Corinne Laroche, l’image est toujours à venir, sa révélation est différée, comme étirée dans le temps d’une œuvre perçue à l’échelle d’une vie.

MP

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Corinne Laroche, née en 1957 à Toulon. Elle est diplômée de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Ses œuvres se trouvent dans les collections du Kupferstichkabinett Staatliche Museen zu Berlin et du Neuer Berliner Kunstverein. Elle a entre autre exposé à la Galerie Edouard Manet, Gennevilliers, (2000) et à la Galerie du quai — École des beaux-arts de Toulouse (2002). En 2008, Corinne Laroche reçoit le prix de la ville de Saint-Ouen et expose au Château de Saint-Ouen, Motherland I, (2009). Parmi ses dernière expositions collectives, on peut citer System und Sinnlichkeit au Kupferstichkabinett Staatliche Museen zu Berlin, Berlin (2013), An Exchange with Sol LeWitt à Cabinet, New York et MASS MoCA, North Adams (2011), tour d’horizon avec fruehsorge contemporary drawings, à Berlin (2009), Anschlüssel London Berlin, au Centre for Recent Drawing à Londres, Drawing room, à Zurich avec la Galerie Bernard Jordan (2011) et Correspondances, avec Martin Barré et James Brooks à la galerie laurent mueller (2012).

  • Vernissage Samedi 30 mai 2015 17:00 → 21:00
Galerie Laurent Mueller Galerie
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75, rue des Archives

75003 Paris

T. 01 42 74 04 25

www.galerielaurentmueller.com

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