De mémoire — Ebauche de l’archive / mémoire de demain — Espace d’art contemporain Camille Lambert — Exposition — Slash Paris

Passé : 23 septembre → 16 décembre 2017

Organisée à l’occasion des 30 ans de l’Espace d’art contemporain Camille Lambert, né en 1987 au cœur d’une école de pratique amateur fondée par le peintre Camille Lambert, De Mémoire présente le travail de trois artistes jamais encore exposés en ses murs, en tant qu’ils incarnent à la fois le présent et le futur de ce lieu depuis toujours dédié à la création.

Dans cette exposition à trois voix contemporaines, se côtoient, se mêlent ou s’entrechoquent les différentes temporalités de l’histoire de l’École et Espace d’art Camille Lambert.

Ces traces du passé, qui constituent autant de promesses pour l’avenir, sont évoquées à travers certaines archives du lieu (correspondances, photographies, ektachromes, diapositives, croquis, cartons d’invitation, factures en francs et autre bons de commande pour des matériaux désormais oubliés…). Ces divers documents, qu’ils soient disposés, au même titre que les œuvres, sur les murs de la galerie ou bien présentés sous forme numérique, permettent à chacun, visiteur assidu ou nouveau venu, de se rappeler ou de s’imaginer la vie d’un centre d’art, des prémisses de l’organisation d’une exposition jusqu’au moment festif du vernissage. Venant éclairer ces archives visuelles, des entretiens filmés avec la complicité de l’artiste Marie-Camille Orlando, leur font écho dans l’espace d’exposition. Autant de récits subjectifs confiés par diverses personnalités liées à la structure (joyeux voisins amateurs qui ont partagé les moments clé de l’histoire de l’Espace d’art, artiste ayant exposé dans et hors les murs comme avec les enfants des ateliers, ancien élève devenu créateur, libraire passionné et partenaire occasionnel ou encore tout jeunes élèves de l’école), qui composent donc de nouvelles archives, pour demain ! Et l’ensemble de ces voix résonnent ainsi avec une autre, celle de la mémoire.

La mémoire et son corollaire, le temps, sont explorés suivant des chemins singuliers empruntés par chacun des artistes présentés, qui tous trois font précisément la part belle au temps de la réalisation, patiente et minutieuse.

Dans les dessins, photographies ou installations de Nicolas Aiello, il est question du temps rétrospectif et introspectif d’une mémoire de l’intime, qui se déploie suivant ses pérégrinations ou à partir d’archives d’une histoire familiale autant qu’universelle. L’œuvre de Céline Cléron met à la fois en jeu le temps suspendu, au sein d’un vase où une fine poudre dessine un visage antique dans un équilibre évidemment précaire, et le temps qui s’écoule, mesuré au creux d’un sablier qui compte une histoire mythique ou suivant le curseur d’une toise remplacé par un crâne de crocodile ou de phacochère, réévaluant sans cesse le rapport de l’homme à l’animal et donc à ses origines ancestrales. Au sein du travail de Solène Doually fondé sur la récolte d’archives, le temps s’étire ou bien se rétracte : on peut en suivre le fil, la trame, la ligne graphique poursuivie à l’eau-forte, les plis et replis biologiques au sein de broderies ou de sculptures tranchées, qui sont autant de greffons transmuant la mémoire d’un corps qui n’est plus vers un corps en devenir, comme être saisi par un temps d’arrêt, dans lequel le tissu est prisonnier de la résine et du plexiglas.

Ainsi s’agit-il, d’images en textes et de textes en images, de découvrir comment l’archive, regardée avec la distance de l’humour et de la poésie, peut faire apparaître la mémoire comme un avenir…

De mémoire est une proposition conçue dans le cadre d’une résidence-mission de commissariat d’exposition à l’École et Espace d’art contemporain Camille Lambert (de décembre 2016 à décembre 2017), incluant des séances de travail collaboratif avec les élèves de la classe préparatoire aux écoles d’art, afin de les initier à la pratique du commissariat et, in fine, de les intégrer pleinement dans toutes les étapes du projet curatorial, des premières réflexions à sa mise en œuvre pratique, en passant par le processus de recherche.

Fruit d’un travail collectif avec tous les acteurs du lieu qui l’accueille, elle se pense donc comme un bien commun !