Dennis Hopper — Icones of the Sixties
Exposition
Dennis Hopper
Icones of the Sixties
Passé : 21 octobre 2015 → 9 janvier 2016
La galerie Thaddaeus Ropac présente dans son espace à Paris Pantin l’exposition de Dennis Hopper Icons of the Sixties, regroupant une sélection de photographies et d’objets personnels, une sculpture emblématique, une installation de deux tableaux et un film expérimental.
Personnalité aux multiples talents, l’acteur, réalisateur, photographe et peintre Dennis Hopper (1936-2010) reste une icône du New Hollywood et de l’underground artistique californien. Il débuta dans le système traditionnel des studios hollywoodiens en jouant aux côtés de James Dean dans La Fureur de vivre (1955), mais se sentit vite attiré vers d’autres terrains artistiques. Dean lui conseilla de se procurer un appareil photo afin d’explorer de nouvelles voies créatives. Hopper, qui se disait « influencé par l’expressionnisme abstrait et le jazz », pratiquait aussi la peinture mais en 1961, après qu’un incendie eut ravagé sa maison de Bel Air et détruit presque tous ses tableaux, il cessa de peindre et se consacra de plus en plus exclusivement à la photo. Pendant des années, il ne se sépara plus de son appareil et — tel un chroniqueur de son temps — entreprit de rendre compte du séisme culturel et social qui, notamment sur la côte Ouest, bousculait le mode de vie américain et révolutionnait la culture avec le mouvement beat, la pop, le cinéma et l’art.
Une série d’épreuves photographiques signées, dans lesquelles Dennis Hopper expérimente un encadrement noir irrégulier créé par l’émulsion, constitue l’un des moments forts de l’exposition de Paris Pantin. Prises entre 1962 et 1967, ces photographies en noir et blanc sont réalisées en lumière naturelle. « Je prenais des photos parce que j’espérais un jour être capable de réaliser des films, déclara plus tard Dennis Hopper. C’est pour cela que je ne recadrais jamais mes clichés ; ils sont tous plein cadre. » Les photographies de l’exposition présentent un panorama condensé des multiples centres d’intérêt, obsessions picturales et amitiés de Hopper. Elles illustrent l’intense période créative que vécut Hopper juste avant de co-écrire et de réaliser Easy Rider (1969), dans lequel il joue aux côtés de Peter Fonda. Le succès du film allait changer sa vie et l’éloigner de la photo pendant plus d’une décennie.
Andy Warhol, qui exerça une influence majeure sur Hopper après leur première rencontre à New York au début des années 60 puis plus tard à Los Angeles, occupe également une place importante dans l’exposition. La série de photos révèle en outre le regard acéré que Hopper posait sur ses amis acteurs comme Paul Newman, Peter Fonda ou sa sœur Jane Fonda, tous auréolés d’une puissante aura. En tant que témoin des bouleversements qui affectaient la société de son époque, Hopper nous fait découvrir la scène artistique, la pop culture et la contre culture au travers des portraits de ses amis artistes reconnus ou marginaux de la Beat Generation. Avec un sens du regard qui lui fait saisir la vérité profonde de ses modèles, il photographie des artistes pop de la côte Est tels que Robert Rauschenberg, Jasper Johns ou James Rosenquist et des figures du courant de l’Assemblage Californien comme Edward Kienholz, Wallace Berman et Bruce Conner qui lui inspirèrent son esthétique. Il immortalise des idoles de la musique comme Ike et Tina Turner, les Byrds et le Jefferson Airplane, le légendaire producteur Phil Spector, documente de nouvelles formes artistiques comme les happenings et performances d’Allen Kaprow ou de Robert Rauschenberg, et dévoile des portraits plus au moins mis en scène de marchands d’art et de commissaires influents comme Irving Blum, Henry Geldzahler ou Robert Fraser.
Outre la curiosité de Hopper pour un large éventail de sujets, ses photographies révèlent aussi son esthétique picturale. Rudi Fuchs, qui a exposé en 2001 le travail pictural et photographique de Hopper au Stedelijk Museum d’Amsterdam, souligne ainsi dans un texte du catalogue : « Si ces photographies sont si différentes de tout ce qui se faisait à l’époque — même si leurs thèmes rappellent parfois ceux de Walker Evans, Robert Frank ou Gary Winogrand — c’est précisément qu’elles ont été conçues avec un œil d’artiste assembleur et de peintre. Le fond est souvent occupé par des motifs additionnels comme des affiches, des inscriptions, des ornements, bref, par une abondance d’autres choses et d’autres traces qui apparaissent à côté du motif principal. »
Aux côtés des photographies, l’exposition présente la sculpture Bomb Drop ainsi que l’installation Life After on Canvas. La pièce originale de Bomb Drop réalisée par Hopper en 1967 pendant la guerre du Vietnam resta longtemps à l’abandon dans sa propriété de Taos dans le désert du Nouveau-Mexique, où elle se dégrada au fil des ans. Pour l’exposition de Pantin cette œuvre anti-guerre, emblématique des années 60, a été entièrement restaurée et occupe une place centrale dans l’espace d’exposition. Créée à l’origine pour la mécène Betty Freeman, cette œuvre fut la dernière que réalisa Hopper avant d’abandonner pour de longues années son travail artistique et photographique. Composée de plexiglas, de néon et d’acier inoxydable, elle représente une réplique à grande échelle d’une commande de largage de bombes d’un appareil de la Seconde Guerre mondiale que Hopper avait dénichée par hasard alors qu’il « farfouillait dans une décharge avec Ed Kienholz ». « Je l’ai transformée en un grand truc en plastique éclairé de l’intérieur, en utilisant les couleurs primaires — bleu, jaune et rouge — et ce gros phallus avec ses grosses boules passe du mode verrouillé au mode armé, verrouillé-armé, verrouillé-armé. »
La violence inhérente à la sculpture Bomb Drop se retrouve dans l’installation Life After on Canvas (1997), qui est constituée d’un projecteur 16 mm et d’un triptyque formé de deux images vidéo imprimées sur toile et d’un écran, sur lequel est projeté le film d’une performance réalisée par Hopper en 1983 sur le circuit automobile Big H Speedway de Houston. Cette année-là, Hopper, qui n’avait pas peint depuis plus de dix-huit ans, décida d’annoncer avec éclat son retour à la peinture.
« J’allais me faire exploser pour faire savoir que je me remettais sérieusement à la peinture, expliqua-t-il. J’avais vu ce truc quand j’étais gosse, au cours d’un rodéo auquel j’avais assisté dans ma ville natale de Dodge City au Texas. Le type se faisait appeler le ‘Bâton de dynamite humain’. Ça consiste à disposer les bâtons de dynamite autour de vous d’une manière très précise, pour que l’explosion soit dirigée vers l’extérieur, et de vous tenir au milieu. A la condition que les bâtons explosent tous en même temps, cela crée au centre une sorte de vide dans lequel vous pouvez vous tenir sans danger. C’est exactement ce que j’ai fait. »
L’exposition présente également une série d’objets personnels ayant trait à la vie de Dennis Hopper depuis la fin des années 60 jusqu’au début du XXIe siècle : passeports, billets d’avion, fax, lettres et cartes postales. Ces objets évoquent tout un réseau hétéroclite d’artistes, de politiciens, d’amis, de fournisseurs et d’anonymes. Ils révèlent une autre facette de cette personnalité iconique et nous permettent de découvrir certains aspects intimes de sa vie.
Cette exposition propose une plongée dans les multiples facettes, particularités et contradictions de la personnalité de Dennis Hopper. On y découvre aussi bien sa quête incessante et son approche radicale de l’art et de la vie que ses évidentes et secrètes connivences.
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Vernissage Mercredi 21 octobre 2015 19:00 → 21:00
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The American Dreamer — Dennis Hopper
Cinema
Jeudi 12 novembre 2015 à 19:30
Ce documentaire, longtemps oublié et récemment restauré, est un portrait fascinant de Dennis Hopper, enfant terrible du Nouvel Hollywood. « American Dreamer » a été réalisé lors du tournage de « The Last Movie » dans le ranch de Hopper à Taos, au Nouveau-Mexique.
L’artiste
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Dennis Hopper